La Croisade contre Karim Wade
Thierno Alassane Sall, ancien ministre et (ancien) parlementaire, est devenu une figure emblématique de la stratégie politique au Sénégal, à travers son talent pour débusquer les failles de ses adversaires. Sa récente croisade contre la candidature de Karim Wade, fondée sur la question délicate de la double nationalité, avait conduit à l'élimination de ce dernier de la course présidentielle de 2024.
Cette manœuvre, bien que controversée pour certains à l'époque, avait démontré la capacité de TAS à naviguer dans les arcanes du droit constitutionnel sénégalais et français, pour atteindre son objectif.
Le rejet de la candidature du fils de l'ancien président de la République maître Abdoulaye Wade était loin d'être la seule surprise d'ailleurs, car après vérification, le même contexte avait également affecté la candidature de Rose Vardini, qui avait dû retirer sa candidature.
Cet acte qu'avait posé TAS avait été perçu par le PDS et ses alliés comme un coup d'État politique, car selon eux, le candidat plaignant n'avait aucun intérêt en visant à écarter Karim Wade qui était loin d'être un rival pour lui.
La Chasse aux deux Cheikhs
Aujourd'hui, le revoilà sur le devant de la scène, s'impliquant dans l'affaire ONAS. Ayant porté plainte contre X, il a été auditionné hier par la redoutable section de recherche de la gendarmerie de Colobane. Le ministre Cheikh Tidiane Diéye et l'ex-directeur de l'ONAS, le Dr Cheikh Dieng, devraient bientôt suivre le même chemin. Dans un retournement savoureux, les deux hommes se sont acculés, s'accusant mutuellement sur des affaires de supposés marchés de gré à gré et de lobbying, impliquant même une supposée voiture offerte par des soumissionnaires habitués à gagner des contrats de curage au sein de l'ONAS.
D'un autre côté, son rôle pourrait également être interprété comme une forme de vigilance démocratique. En dénonçant les abus et en appelant à la responsabilité des dirigeants, TAS contribue, en quelque sorte, à un débat nécessaire sur la transparence et l'intégrité dans les affaires publiques. Cependant, la frontière entre le soutien à la bonne gouvernance et le règlement de comptes personnel est souvent floue dès qu'il s'agit d'acte politique.
Au bout du compte, Thierno Alassane Sall incarne à la fois l’ambition et le risque d’un jeu politique où la quête de pouvoir et de vérité se heurte aux réalités parfois sombres de l'arène politique sénégalaise. Alors que le pays se prépare pour les prochaines élections anticipées avec son lot de tensions, il sera crucial de se demander réellement si ces faits politiques devant les urgences de l'heure, ne vont pas aggraver les divisions au sein de l'opinion devant un paysage politique déjà tumultueux.
A.A.N