L’Indice AML de Bâle, édité chaque année dans un rapport par
l’Institut de Bâle, est un outil indépendant de classement et d’évaluation des
risques basé sur des données pour le blanchiment d’argent et les crimes
financiers connexes dans le monde entier. Dans le rapport annuel de 2024, le Sénégal
est 53ᵉ rang mondial sur 164 pays dans l’Indice de
lutte contre le blanchiment d’argent, avec un score de risque de 5,53. Ce qui
est supérieur à la moyenne mondiale de 5,45.
Il faut noter que, plus le
score est élevé, plus les risques liés au blanchiment d’argent et au
financement du terrorisme sont importants. A l’inverse, les pays avec les taux
de risques les plus bas sont les meilleurs pays en termes de lutte contre le
blanchiment d’argent.
Le Myanmar arrive en tête de
liste des pays à risque avec un score de 8,92, suivi d’Haïti avec 8,85 et de la
République démocratique du Congo avec 8,65. Ces taux élevés indiquent de graves
lacunes dans les cadres juridiques et réglementaires de ces pays, ainsi qu’une
faible efficacité des mesures prises pour lutter contre les crimes financiers.
Le rapport rappelle que la
lutte contre le blanchiment d’argent n’est pas une simple question technique,
mais qu’elle est directement liée à la réalisation d’objectifs plus larges,
notamment la justice, l’État de droit et le développement durable. Pour atteindre
ces objectifs, il appelle des pays comme le Sénégal à adopter une approche
globale plus rigoureuse et tenant compte des dimensions sociales, politiques et
juridiques des crimes financiers.
Le rapport 2024 souligne que,
depuis 2013, il y a eu une amélioration de 12 points de pourcentage de la
conformité technique avec les 40 recommandations du Groupe d’action financière
(GAFI) parmi les pays disposant de données disponibles. Cela signifie qu’en
termes de systèmes nationaux pour lutter contre le blanchiment d’argent, le
financement du terrorisme, il y a moins de zones d’ombre sur la carte.
Les plus grands progrès ont
été réalisés dans les domaines des sanctions financières ciblées, des mesures
pour traiter les pays à risque élevé et les personnes politiquement exposées,
et de la diligence raisonnable des clients par les entreprises et professions
non financières telles que les avocats, les comptables et les entreprises de
jeux de hasard.
Un des nouveaux axes abordés
par le rapport est l’intégration d’indicateurs de fraude dans la méthodologie
d’évaluation des risques cette année. L’Institut de Bâle souligne que “la
fraude constitue une menace croissante qui alimente le blanchiment d’argent,
notamment dans les grandes économies et les principaux centres financiers”.
L’inclusion des indicateurs
de fraude dans la méthodologie de l’Indice AML de Bâle reflète les
préoccupations croissantes concernant son ampleur croissante en tant que moteur
du blanchiment d’argent et ses impacts sociaux et économiques profonds. Ce changement
a augmenté les scores de risque pour les pays à revenu élevé et ceux ayant de
grands centres financiers. Cependant, pour que le monde puisse maîtriser la
fraude, des normes mondiales, des définitions et une meilleure collecte de
données sont urgemment nécessaires.
Malgré ses performances
mi-mangue mi-goyave, le Sénégal fait bonne figure en Afrique subsaharienne où
il y a donc d’énormes efforts encore à déployer en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
ABN
Laisser un commentaire