Dans un pays où l’ordre et la discipline constituent, depuis des décennies, les piliers d’une stabilité enviée sur le continent africain, certaines prises de position défient non seulement la raison, mais aussi le poids de l’histoire. Le Sénégal s’est distingué par son attachement aux valeurs républicaines et par la solidité de ses institutions, notamment celles chargées de la défense et de la sécurité. Pourtant, malgré cette réalité indéniable, certaines voix s’élèvent régulièrement pour jeter l’opprobre sur ces garants de notre quiétude nationale, alimentant des polémiques qui ne servent ni l’intérêt général ni la préservation de la paix sociale.
Parmi ces critiques, qui commencent à être récurrentes, celle de Monsieur Seydi Gassama retient particulièrement l’attention de l’opinion publique. Figure emblématique du débat public, il s’est imposé, au fil des années, parmi les acteurs les plus médiatisés, avec sa posture de leader de la société civile, intervenant sur des questions de société et de politique avec une constance qui force le respect. Toutefois, son penchant pour la controverse, en particulier cette fois-ci lorsqu’il s’agit des forces de défense et de sécurité, soulève de nombreuses interrogations. Récemment, il s’est illustré par une nouvelle sortie sur les réseaux sociaux, où il a ouvertement remis en cause l’intégrité et la légitimité de certains hommes en uniforme, qui ont pris la parole pour exprimer leurs inquiétudes face à l’abrogation partielle de la loi d’amnistie votée en 2024. Une nouvelle loi qui ne serait destinée qu’à faire porter aux forces de défense et de sécurité, les morts des événements politiques survenus entre 2021 et 2023.
Une telle remise en question est non seulement injuste, mais elle occulte également le rôle fondamental que jouent ces forces dans le maintien de la stabilité du Sénégal. Chaque jour, dans l’ombre et parfois au péril de leur vie, ces hommes et ces femmes se battent pour garantir la paix, la sécurité et l’ordre public. Leur engagement sans faille permet au Sénégal de se démarquer dans une région marquée par l’instabilité politique, les conflits armés et les coups d’État militaires. Alors que tant d’autres pays africains ont basculé dans le chaos en raison d’une fragilité institutionnelle ou de l’effondrement de leurs structures sécuritaires, notre nation a su préserver son équilibre, en grande partie grâce au dévouement de ses forces de défense et de sécurité.
Dès lors, plutôt que d’alimenter des polémiques stériles et des discours clivants, il serait plus sage d’adopter une approche mesurée et objective. Car au-delà des considérations idéologiques et des postures militantes, il existe une vérité incontournable : sans nos forces de défense et de sécurité, le Sénégal ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, un modèle de stabilité et de résilience en Afrique. L’histoire récente du continent regorge d’exemples édifiants qui rappellent à quel point une nation peut sombrer lorsque ses piliers sécuritaires sont affaiblis ou discrédités.
La critique est un droit indéniable dans toute démocratie, mais encore faut-il qu’elle soit constructive et repose sur des faits vérifiables. S’attaquer de manière systématique à deux éminentes figures des forces de l’ordre, les accuser sans nuances ni preuves tangibles sur leurs grades et honneurs revient à fragiliser les fondations mêmes de notre République. Il est essentiel de reconnaître que ces hommes et ces femmes de tenues ne sont ni des adversaires ni des ennemis des civils, mais bien des acteurs essentiels de la cohésion nationale. Plutôt que de cultiver une défiance injustifiée à leur égard, il conviendrait de saluer leur engagement et de favoriser un dialogue constructif entre toutes les composantes de la société.
Il est parfois plus judicieux de prendre du recul et de mesurer la portée de ses propos. Le silence, loin d’être un aveu de faiblesse, est souvent la respiration de l’intelligence. Car si la liberté d’expression est un droit fondamental, elle s’accompagne aussi d’une responsabilité : celle de ne pas semer la discorde là où l’unité est essentielle. Le Sénégal ne s’est pas construit sur l’opposition stérile et la division, mais sur la concertation et le respect des institutions qui garantissent sa pérennité. Il est donc crucial de ne jamais perdre de vue cette réalité si l’on aspire véritablement à œuvrer pour le bien de la nation sénégalaise.
Une posture ambivalente et suspecte
Il n’est guère surprenant de voir notre cher ami d’Amnesty Sénégal prendre à partie certaines forces de l’ordre. Après tout, comme le dit si bien l’adage, « l’occasion fait le larron ». Cette attitude interpelle et pousse à la réflexion, d’autant plus que des rumeurs persistantes lui prêtent l’intention de militer en faveur de la légalisation du chanvre indien. Une telle position, si elle est avérée, ne saurait être anodine, car elle concerne une drogue dont les effets ravageurs n’épargnent aucune couche sociale, détruisant particulièrement la jeunesse et alimentant un climat de criminalité inquiétant.
Il est donc légitime de s’interroger sur la cohérence d’une telle supposée posture, qui se trouve en opposition totale avec le travail acharné des forces de sécurité. Ces dernières s’investissent sans relâche dans la lutte contre les trafiquants et les consommateurs de cette substance, considérés comme des acteurs majeurs d’un fléau social aux conséquences désastreuses. Comment alors ne pas voir dans cette prise de position un affront direct aux efforts déployés par les autorités pour éradiquer ce phénomène ? Qui pourrait nier qu’il s’agirait là d’une forme manifeste de désaccord, voire d’une tournure subtile justifiant ce désamour ?
Dès lors, une question fondamentale se pose : que cherche réellement Monsieur Gassama ? Son attitude et ses déclarations suscitent de légitimes interrogations. Lorsqu’un acteur de la société civile, censé défendre l’intérêt général, critique avec insistance ceux qui ont pour mission d’assurer l’ordre et de faire respecter les lois, il est tout à fait naturel de se demander quelles sont ses véritables motivations. Défend-il réellement une cause juste, ou poursuit-il des objectifs plus personnels et inavoués ? Voilà une réflexion qui mérite d’être approfondie.
Mépris de la discipline militaire ou ignorance des réalités
Dans sa diatribe contre les anciens militaires, il n’a pas hésité à tourner en dérision leur parcours en insinuant que s’ils n’ont pas atteint le grade de général, c’est peut-être par manque de compétences. Une insouciance doublée d’une méconnaissance flagrante de l’engagement militaire.
Qu’il le sache : être général n’est ni un privilège ni un dû pour les forces de l’ordre. C’est un aboutissement qui répond à des critères rigoureux, mais qui n’enlève rien à la valeur d’un officier, quel que soit son grade. Un soldat ne s’engage pas pour des médailles, mais pour la défense de son pays, au prix de sa propre vie s’il le faut.
Qu’il se rappelle le nom de l’ancien colonel Adama Diop « Nder », qui a déjà servi, un dictionnaire de redressement mental et psychologique à notre émancipé homme des libertés. Qu’il se remémore cet homme brillantissime, dont le courage sans faille et la bravoure légendaire, ont sauvé plus de 180 Sénégalais lors des événements Sénégalo-Mauritaniens (Événement Narr Yi), et j’en passe de ses œuvres en terre casamançaise, en Guinée-Bissau et un peu partout dans le monde. Ce genre d’acte de bravoure n’a rien à voir avec des discours creux. Il s’agit d’un engagement réel, d’un sacrifice consenti pour la patrie. << Diay sa bakane nguir sa rëw >> est bien plus difficile que d’avoir comme armes le micro et des financements pour se donner un nom.
Le Sénégal est l’un des rares pays africains à n’avoir jamais connu de coup d’État, faut-il le rappeler aux âmes amnésiques. Depuis 1952, plus de 130 coups d’État ont été réussis dans 36 pays d’Afrique, avec 16 autres tentatives avortées. Ce bilan accablant témoigne de la fragilité politique du continent. Pourtant, le Sénégal a su préserver son intégrité institutionnelle grâce à une armée loyale, disciplinée et profondément républicaine.
Ce n’est pas un hasard si, malgré les tensions politiques et sociales qui ont pu secouer le pays ces dernières années, jamais une mutinerie ou un soulèvement militaire n’a mis en péril la République du Sénégal. C’est le fruit du professionnalisme et du patriotisme des forces armées sénégalaises. Remettre en cause leur engagement revient à méconnaître ce qu’elles représentent : le dernier rempart contre le chaos.
Pour l’honneur et la dignité d’une nation
Monsieur d’Amnesty Sénégal devrait prendre le temps de méditer ce cri de guerre : « On nous tue, mais on ne nous déshonore pas. » Bien plus qu’une simple déclaration, cette phrase porte en elle toute la noblesse et la rigueur de l’engagement militaire. Elle symbolise le serment d’honneur de ceux qui, chaque jour, endossent l’uniforme non par ambition personnelle, mais par devoir, prêts à consentir le sacrifice ultime pour préserver la sécurité et la dignité de leurs concitoyens.
Dans une société où les débats d’opinion sont souvent biaisés par des considérations idéologiques, il est essentiel de ne pas perdre de vue l’importance de nos forces de défense et de sécurité. Ces hommes et ces femmes, par leur engagement sans faille, garantissent l’ordre, protègent les libertés et assurent la stabilité dont nous bénéficions tous. Les caricaturer, les dénigrer ou minimiser leur rôle ne constitue en rien un acte de courage intellectuel, mais plutôt une injustice qui fragilise l’État de droit lui-même.
Or, Seydi Gassama, qui se présente comme un défenseur de cet État de droit, devrait comprendre que celui-ci repose avant tout sur le respect des institutions et de ceux qui les incarnent. Reconnaître le rôle fondamental des forces de sécurité n’est pas un choix partisan, mais une exigence de responsabilité. Il est encore temps pour lui de saisir que certains silences sont bien plus éloquents que mille discours, et que la dignité ne réside pas dans la polémique stérile, mais dans la juste reconnaissance de ceux qui risquent leur vie pour nous protéger.
A.A. NDIAYE
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