Le Sénégal, pays de la Teranga et de longue tradition démocratique, traverse une période marquée par la montée de discours virulents, souvent contraires aux bonnes mœurs et aux règles élémentaires du respect. Ce phénomène inquiète de plus en plus, dans un contexte où les réseaux sociaux, les tribunes médiatiques et les plateformes politiques deviennent parfois le théâtre d’invectives et de propos déplacés.
La liberté d’expression est certes un droit sacré, inscrit dans la Constitution et garant de toute démocratie vivante. Elle permet aux citoyens de s’exprimer, de critiquer les politiques publiques, d’interroger les autorités et d’exiger des comptes. Cependant, ce droit fondamental ne peut, et ne doit, justifier les dérives verbales. L’insulte, la diffamation, la stigmatisation ou encore la désinformation sapent les fondements du débat démocratique et mettent en péril la cohésion nationale.
Vers une parole publique plus responsable
Dans une société où les mots peuvent autant construire que détruire, il est urgent de promouvoir une culture du débat responsable. Exprimer son désaccord est sain, voire nécessaire. Mais encore faut-il que cela se fasse dans le respect des règles de civilité et des valeurs qui nous unissent. La critique constructive, lorsqu’elle est formulée avec décence, enrichit le débat public. À l’inverse, les attaques personnelles et les propos haineux n’apportent aucune solution, si ce n’est la division.
Une démocratie ne se nourrit pas de vacarme, mais d’idées
La démocratie sénégalaise ne pourra se renforcer que si chaque citoyen, chaque leader d’opinion, chaque acteur politique accepte de jouer sa partition dans le respect mutuel. Ce dont le Sénégal a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’une cacophonie permanente, mais d’un dialogue serein, d’idées innovantes et de propositions concrètes pour faire face aux nombreux défis économiques, sociaux et environnementaux.
Préserver nos valeurs, cultiver le respect
Face à cette montée des discours déviants, un appel est lancé à tous les segments de la société : leaders politiques, religieux, journalistes, influenceurs, enseignants, citoyens. Il est temps de faire preuve de responsabilité dans la manière de s’exprimer publiquement. Il est également crucial de rappeler que notre culture sénégalaise, fondée sur le respect de l’autre, la retenue et la dignité, ne saurait être sacrifiée sur l’autel de la surenchère verbale.
Encadrer la liberté d’expression par le respect n’est pas une entrave, mais une condition essentielle pour construire une démocratie inclusive, forte et apaisée. La parole doit être un outil de construction, non une arme de division.
Kémo DAFFÉ journaliste
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