Par Abdou lahad Ndiaye
Il y a des silences qui en disent long. Et des outrages qui en disent davantage encore sur ceux qui les profèrent que sur ceux qu’ils visent. En osant porter atteinte à la mémoire d’El Hadj Boucounta Ndiaye, c’est à un pan entier de notre patrimoine moral et intellectuel que certains se sont permis de jeter l’opprobre.
Oui, ils ont osé. Mais au fond, savent-ils seulement ce qu’ils font ?
On peut légitimement en douter. Car s’ils avaient pris le temps de s’enquérir auprès de leurs propres parents, ceux-ci leur auraient sans nul doute rappelé qu’insulter Boucounta Ndiaye, c’est frapper à mains nues un roc millénaire. Ils leur auraient dit que ce serait sacrilège, que cela relève de l’indignité pure. Que cela ne se fait pas. Que cela ne se peut pas.
Les anciens, eux, savent. Ils savent ce que représentent Saraba, Yadaké, Ndaga Ndiaye. Ils savent ce que signifie, pour toute une génération, la voix de Boucounta, ses silences pleins de sens, ses mots pesés comme de l’or. Ils savent que cet homme, tout comme Ndiaga Mbaye ou Samba Diabaré Samb, appartient désormais à cette catégorie rare des figures que le temps n’altère pas : les icônes.
Alors pourquoi tant de légèreté, tant de bassesse ? Parce que ceux qui attaquent aujourd’hui n’ont pour eux ni le poids de l’histoire, ni la noblesse du verbe, ni même la conscience de ce qu’ils renient. Ils parlent sans comprendre que toute parole est un miroir tendu à leur propre héritage. Ils parlent, mais c’est leur propre lignée qu’ils abaissent. Leur propre nom qu’ils flétrissent.
La vérité, c’est qu’ils ne vivent que dans les caniveaux du débat public. Ils ne respirent que dans l’espace trouble des invectives et de la provocation. Leur survie dépend du vacarme, leur force apparente n’est qu’écho creux. Exiger d’eux l’élégance, c’est attendre d’un corbeau le chant du rossignol.
Dans cette tempête d’ignorance et de bruit, une seule posture reste digne : le silence de la hauteur. Celui qui, dans son mutisme, dit la fierté d’un fils pour son père. Celui qui, sans cri, honore la grandeur.
Oui, Pape Ngagne. Sois fier de ton père. Sois fier de son œuvre, de sa droiture, de la trace qu’il laisse dans les cœurs et dans les esprits. Et que ceux qui s’agitent dans la fange sachent une chose : la boue ne salit jamais le ciel. El Hadj Boucounta Ndiaye malgré les injures des hommes, sa grandeur, elle, demeure intacte.
Abdou lahad Ndiaye SenQuotidien
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