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Barthélémy Dias sonne l’alarme : “Le pouvoir veut nous écraser, nous allons relever la tête”

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Dans un contexte politique marqué par une montée des tensions et des crispations institutionnelles, Barthélémy Dias a tenu, ce lundi, une conférence de presse d’une rare intensité, ponctuée de mots forts, d’accusations directes et d’annonces majeures.

L’ancien maire de Dakar, figure emblématique de l’opposition sous l’ère Macky Sall et allié critique du régime actuel, franchit un nouveau cap en se positionnant désormais comme l’un des principaux adversaires du tandem exécutif Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko.

Un ton offensif face à la “dérive autoritaire”

Révoqué de ses fonctions de maire, marginalisé dans les cercles de pouvoir, et témoin d’un climat sociopolitique qu’il juge « de plus en plus étouffant », le président du mouvement Sénégal Biñu Bokk n’a pas mâché ses mots.

Devant un parterre de journalistes, d’anciens camarades politiques, d’activistes et de membres de la société civile, Barthélémy Dias a dressé un tableau sombre de la gouvernance actuelle, appelant à la constitution d’un large front démocratique pour faire barrage à ce qu’il qualifie de « dérive autoritaire ».

« Le Sénégal n’est pas et ne sera jamais une dictature de transition », a-t-il lancé en introduction, donnant ainsi le ton d’un discours offensif, assumé et radical.

Une trahison des idéaux de la Troisième alternance ?

Pour Barthélémy Dias, le régime issu de l’élection de mars 2024 a trahi les idéaux de justice, de liberté et de transparence qui avaient nourri l’espoir du peuple sénégalais. Il accuse le pouvoir d’instaurer un climat de peur, où : L’opinion est muselée, les critiques sontréprimées, les libertés civiles réduites à néant.

« On a remplacé un régime autoritaire par un autre, plus habile, plus populiste, mais tout aussi répressif », dénonce-t-il.

Il cite les arrestations de figures médiatiques, d’activistes et de leaders politiques comme preuve d’un retour insidieux aux pratiques liberticides.

Des détenus qu’il qualifie de “prisonniers politiques”

Barthélémy Dias évoque longuement le sort de plusieurs détenus, parmi lesquels : Assane Diouf, Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer, Badara Gadiaga, Bachir Fofana, Ablaye Ndiaye, et une vingtaine d’autres personnes arrêtées, selon lui, « pour avoir exprimé une opinion ou dénoncé un abus ».

Pour lui, ces détentions reflètent l’usage d’une justice instrumentalisée, soumise à des intérêts politiques.

« Ce pouvoir arrête, emprisonne, fait taire et intimide. Aujourd’hui, on veut criminaliser la parole critique, judiciariser le débat public. C’est une pente dangereuse que nous devons stopper pendant qu’il est encore temps. »

Un réquisitoire contre Ousmane Sonko

Barthélémy Dias ne s’est pas privé de viser directement Ousmane Sonko, qu’il qualifie de « chef de facto du régime ». Il réagit fermement aux propos tenus récemment par le Premier ministre, qui avait traité certains membres de la société civile de « fumiers » :

« Ce vocabulaire, cette violence verbale, cette arrogance permanente… ce n’est pas ce pour quoi les Sénégalais se sont battus. »

Selon lui, Sonko confond militantisme et gouvernance, opposition et pouvoir d’État. Cette confusion, estime-t-il, mine l’autorité des institutions et alimente l’instabilité.

« Gouverner, ce n’est pas présider un mouvement. Gouverner, c’est respecter les institutions, écouter, rassembler, construire. »

Sa révocation : une manœuvre politique ?

Concernant sa révocation de la mairie de Dakar, Dias affirme n’avoir reçu aucun décret présidentiel confirmant cette décision, ce qui l’amène à la contester juridiquement. Il annonce avoir saisi la Cour d’Appel et la Cour Suprême.

« Ce n’est pas Barthélémy Dias qu’on cherche à faire taire, c’est la démocratie locale, c’est le vote populaire qu’on piétine. »

Vers une coalition pour défendre la démocratie

Moment fort de la conférence : l’annonce de la création prochaine d’une coalition nationale pour la défense de la démocratie. Une plateforme ouverte à tous : partis politiques, mouvements citoyens, syndicats et personnalités indépendantes.

« Nous n’allons pas nous contenter de dénoncer. Il est temps de résister, d’organiser la riposte démocratique, de proposer une alternative crédible. »

Il promet des mobilisations citoyennes, un plaidoyer national et international, et exhorte les partenaires du Sénégal, notamment les institutions africaines et les ONG,à ne pas se laisser tromper par « un vernis institutionnel ou une rhétorique souverainiste ».

“Le combat commence maintenant”

Dans sa conclusion, Barthélémy Dias appelle les Sénégalais à la vigilance, au courage et à la mobilisation : « Ce qui esten jeu, ce n’est pas ma carrière politique, ni même la mairie de Dakar. Ce qui est en jeu, c’est l’âme de notre République. C’est notre liberté collective. »

Et de conclure, dans une formule solennelle, presque prophétique :

« Le combat commence maintenant. Le pouvoir veut nous diviser, nous allons nous unir. Le pouvoir veut nous faire taire, nous allons crier plus fort. Le pouvoir veut écraser, nous allons relever la tête. Et nous n’arrêterons pas. Jamais. »

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