Des pèlerins venus de toutes les régions du Sénégal pour prendre part au Gamou commémorant la naissance du Prophète Mohamed (PSL) choisissent de préparer leur repas sur place à Tivaouane, plutôt que d’emporter avec eux des mets, même sans être forcément au courant d’une mesure du service d’hygiène interdisant de transporter des aliments, a constaté l’APS.
Conformément à la loi sénégalaise du 5 juillet 1983 portant code d’hygiène, une mesure du service national d’hygiène rendue publique le 19 août, lors du lancement officiel des activités sanitaires de la 123e édition du Gamou de Tivaouane, interdit aux fidèles de venir au Gamou avec des aliments cuits.
A deux jours de l’événement, la cité religieuse refuse du monde. Les véhicules, des bus en particulier, continuent de décharger bagages, marmites et autres ustensiles de cuisine.
La plupart des “dahiras” (association religieuses) ont fait le choix de concocter leur nourriture une fois arrivés à Tivaouane, même sans être au courant de la mesure interdisant de transporter des plats, afin d’éviter la consommation d’aliments mal conservés.
Bon nombre de visiteurs qui ont érigé leur quartier général à Niandakhoune, un célèbre quartier de Tivaouane abritant le mausolée de Serigne Cheikh Tidiane Sy petit fils d’El Hadj Malick Sy, ne sont pas au courant de cette mesure.

Aïda Diallo, venue de Diourbel pour épauler sa grande sœur dans les préparatifs du Maouloud, dit ne pas être au courant de cette décision, mais préfère de toutes les façons es plats chauds.
“Je viens aider ma grande sœur qui vit ici en famille, vu qu’elle reçoit des invités, notamment des ‘dahiras’ de Diourbel. Depuis une semaine, nous faisons la cuisine pour la famille et les invités”, dit-elle.
Pas préférable d’emporter des aliments
Elle assure n’avoir pas entendu parler de la mesure de voyager avec des aliments déjà cuits. “De toutes les manières, j’éprouve du plaisir à cuisiner pour les autres”, ajoute Aïda.
La jeune dame, vêtue d’une robe couleur marron, assortie d’un tablier couleur vert, n’en est pas à sa première expérience de cuisinière du Gamou.
Elle vient depuis plusieurs années à Tivaouane, pour participer à sa manière à ce rassemblement religieux annuel.
Le “dahira” Aladji Niang Bou Nguett, qui arrive de Dahra Diolof, ne déroge pas à la règle. Comme bon nombre de cuisinières, Mbayang Sarr, chargée de la popote des membres de ces fidèles venus du Diolof, n’est non plus au courant d’une quelconque réglementation au sujet de l’alimentation des pèlerins.
“Je ne suis pas au courant d’une mesure des autorités sanitaires interdisant l’arrivée d’aliments déjà cuisinés”, confie-t-elle, en plein dans la préparation du déjeuner dans une concession servant de gîte à sa communauté de fidèles.
“Comme vous l’avez constaté, les jeunes femmes sont en train de préparer le déjeuner. Et il en sera ainsi durant les quatre jours que nous allons rester à Tivaouane”, assure-t-elle.
Autour d’elle, des condiments sont stockés dans un coin, au fond de la maison où l’on peut apercevoir des bœufs attachés. De jeunes hommes se reposent sous les bâches tandis que les femmes s’attèlent à la cuisine.
La sensibilisation ”est passée par là”
Pour Mbayang, préparer des repas à Dahra pour les transporter jusqu’à Tivaouane est impensable, vu la distance qui sépare les deux localités.
“Il n’est pas préférable d’emporter des aliments. Tout peut arriver surtout avec cette chaleur”, souligne Adama Sow, originaire du Saloum. “Quand on est en déplacement, on doit manger sur place, ne serait-ce que pour sa sécurité”, insiste ce père de famille. Et d’ajouter : “Au-delà des aspects sanitaires, il n’est pas confortable de voyager avec des aliments cuits”.

“Il est fatiguant d’acheminer des mets d’une région à une autre. Cela requiert le respect de mesures conservatoires, qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Les aliments risquent de se renverser, s’ils ne subissent pas une altération, du fait de la chaleur ou encore de la pluie, en cette période d’hivernage”, conclut M. Sow.
Du coté de la Brigade nationale des services d’hygiène, les équipes déployées sur le terrain, aux portes d’entrée de la cité religieuse, disent n’avoir pas encore pris de personne ayant enfreint cette règle.
“Il n’y a pas encore de problème. Nous continuons à descendre sur le terrain. Nos équipes ne nous ont signalé aucun cas d’aliment importé. Nous allons mener les interventions puisque les dahiras arrivent à 48 heures du Maouloud et à la veille de la célébration de la naissance du Prophète (PSL)”, renseigne Armand Seck, responsable du service régional de l’hygiène de Thiès.
Interpellé sur le respect de la mesure visant à interdire la consommation de produits malpropres, il indique que ses équipes assurent le contrôle au niveau des entrées de la ville.
“Aujourd’hui [mardi], dernier jour du ‘burd’, aucun des ‘dahiras’ fraîchement arrivés n’est venu avec des aliments cuits à Tivaouane. Nous allons poursuivre le travail jusqu’au jour du Gamou et le surlendemain. La sensibilisation est passée” par là, s’est-il félicité.
Il estime que le message a été bien perçu par les autorités religieuses qui otn suffisamment sensibilisés les fidèles à ce sujet.
“La preuve, nous n’avons pas reçu de cas de délégations qui arrivent avec des aliments. Les actions se poursuivent. Le bilan se fera le vendredi ou le samedi prochain, pour avoir beaucoup plus de détails sur les interventions menées sur le terrain”, conclut-il.

Source : APS
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