Une étude réalisée par le cabinet international Projekt Consult Gmbh (IPC) révèle que les entreprises sénégalaises soumissionnaires concentrent 87 % des marchés défaillants faute de financement.
”Les entreprises sénégalaises concentrent 87 % des marchés défaillants. Donc la défaillance n’est pas étrangère, elle est beaucoup nationale”, a déclaré El Hadji Diop du cabinet IPC, en faisant une présentation des résultats de l’étude sur la défaillance des entreprises dans la mise en œuvre des projets publics, lors d’une table ronde organisée jeudi à Dakar.
Cette étude a été commanditée par la direction du Suivi et de l’évaluation des performances des projets et programmes (DSPPP) du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, avec l’appui de la coopération allemande, à travers la Banque allemande de développement (KFW).
Elle a pour objectif de comprendre le phénomène de la défaillance des entreprises attributaires de marchés publics.
Selon El Hadji Diop, ”les entreprises sénégalaises soumissionnaires aux marchés publics sont souvent confrontées à des difficultés de financement. Elles n’arrivent pas à mobiliser toutes les ressources requises pour mettre en œuvre les marchés qu’elles gagnent, ce qui les rend dépendantes des acomptes et décomptes qui doivent être payés par le maître d’ouvrage”.
Dans sa communication, M. Diop a mis en exergue la forte dépendance des es entreprises sénégalaises des paiements intermédiaires faute de financement, ce qui entraine des retards dans l’exécution des marchés publics.
Il a signalé que le volume de la commande publique est “vraiment essentiel” dans la démarche de développement.
“On est sur un volume de l’ordre de 2000 milliards l’année en commande publique au Sénégal, et à l’échelle sous-régionale on est à 17 % du PIB des pays de la sous-région qui passe par la commande publique. Donc, des montants de financement très importants”, fait-il observer.
Il y a cependant qu’une partie importante de cette commande publique est concernée par des situations de défaillance de divers ordres se traduisant par un défaut de réalisation du projet.
”On a estimé à un tiers le montant de l’argent public qui est aujourd’hui menacé par la défaillance dans la réalisation des projets”, ce qui correspond à “des volumes vraiment consistants dans un environnement de sous-développement”, a relevé El Hadji Diop.
Le cabinet international Projekt Consult Gmbh (IPC) dit avoir travaillé avec la base de données de la direction du Suivi et de l’évaluation des performances des projets et programmes (DSEPPP), qui contenait 498 entreprises pour 806 marchés pour un montant cumulé de 1394 milliards.
Sur cette base, un échantillon de 44 entreprises et 45 marchés a été pris en compte, avec une approche de sondage qui a permis de capter la diversité des secteurs et des ministères concernés.
Les résultats de cette analyse font ressortir que qu’un cinquième des entreprises prestataires de la commande publique “sont actuellement en situation de défaillance pour plusieurs raisons possible”, a indiqué El Hadji Diop.
L’exposé présenté par le consultant a également mis en exergue le fait que “les marchés en situation de défaillance sont de l’ordre de 18 %, mais 37 % des montants engagés en milliards sont aujourd’hui à considérer en situation de défaillance”.
Une analyse effectuée à ce sujet dévoile que trois secteurs concentrent 90 % de la défaillance de la commande publique au Sénégal, à savoir l’agriculture (53 %), le développement communautaire (23 %) et les financements (11 %).
El Hadji Diop a signalé que les entreprises rencontrent également des difficultés à prester de manière satisfaisante concernant le secteur des travaux qui concentre 74% des défaillances sur les marchés publics, de même que le secteur des fournitures, représentant 8% des défaillances.
Il a formulé des recommandations allant dans le sens d’accompagner les entreprises pour juguler ce phénomène pour une meilleure exécution des marchés publics.
Cela passe par “la professionnalisation des entreprises locales à travers la formation et l’accompagnement, la réforme et la modernisation des procédures de passation de marché et de supervision des projets pour plus de transparence et d’efficacité”.
Il a également préconisé la facilitation du financement des entreprises et le renforcement de la collaboration entre les parties prenantes, dans l’objectif de garantir une meilleure exécution des projets prioritaires pour le développement économique et social du Sénégal.
Source : APS
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