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Mobilité à Dakar: diagnostic d’un chaos urbain

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À Dakar, la saturation des parkings révèle les failles d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée.

Entre gouvernance éclatée, manque de planification et pratiques informelles, la capitale sénégalaise est confrontée à une crise du stationnement qui freine son développement économique et détériore la qualité de vie des citadins. Urbaniste et spécialiste des questions de mobilité, Omar Ba analyse le phénomène et esquisse des pistes de solutions.

Oumar Ba, urbaniste est clair, « le problème du stationnement à Dakar est l’aboutissement de plusieurs dynamiques cumulées ». Selon lui, la croissance rapide de la capitale, qui compte environ 3,6 millions d’habitants, combinée à l’étroitesse de la presqu’île et à une motorisation galopante, a transformé chaque mètre carré en enjeu stratégique. Les rues, souvent étroites, doivent accueillir simultanément voitures particulières, taxis, minibus informels et deux-roues. Les trottoirs se retrouvent ainsi occupés par un stationnement improvisé, précise-t-il. Ce qui entraîne une congestion chronique, particulièrement aux heures de pointe, lorsque les flux convergent vers le centre administratif et économique de la ville, insiste-t-il. Pour l’urbaniste, la crise du stationnement à Dakar découle également d’une politique d’aménagement incomplète. Les plans existants manquent de force contraignante et n’intègrent pas systématiquement la question des parkings.

En outre, certaines autorisations de lotissement ou de construction ne s’accompagnent pas toujours de solutions comme les parkings partagés ou de relais. « Il y a une faible articulation entre urbanisme, mobilité et gestion de la voirie », regrette-t-il. En pratique, l’offre de stationnement hors voirie n’a pas suivi la verticalisation des quartiers et la gestion sur voirie reste largement informelle, poursuit-il. Face à cette situation, l’un des principaux obstacles identifiés est la gouvernance. Les responsabilités sont morcelées entre municipalités, État et opérateurs privés, sans réelle coordination. À cela s’ajoutent des moyens de contrôle limités et une faible capacité de sanction. Les municipalités manquent également d’outils financiers efficaces pour concevoir et exploiter des parkings structurés.

Quant au comportement des usagers, il aggrave la situation : le stationnement sauvage perdure, et la tarification, lorsqu’elle existe, souffre d’un manque d’acceptabilité sociale. « Les rares fois où le service est rendu par les municipalités, il faut en déplorer la faible qualité », note O. Ba, pointant l’absence de sécurité, de signalétique et d’outils de paiement adaptés. Dégradation de la qualité de vie Les répercussions de cette crise se font sentir à plusieurs niveaux. Sur la circulation, d’abord : les doubles files et les arrêts irréguliers provoquent des goulots d’étranglement qui rallongent les trajets. Sur l’économie locale, ensuite : la logistique urbaine est ralentie, les livraisons deviennent plus complexes et l’attractivité commerciale de certains quartiers est affaiblie.

Sur la qualité de vie, enfin : piétons contraints de marcher sur la chaussée, pollution accrue, bruit et insécurité routière liée aux manœuvres incessantes. « Le stationnement mal géré dégrade à la fois l’efficacité urbaine et le bien-être collectif », constate-t-il, soulignant que ce phénomène touche la plupart des grandes villes africaines en expansion rapide. Face à cette situation, des solutions à court terme pourraient alléger la pression. Parmi elles, l’expert cite la gestion dynamique du stationnement sur voirie, avec une tarification différenciée selon les quartiers et une durée limitée pour favoriser le turnover, ainsi que des facilités de paiement numérique.

Il insiste également sur la nécessité de renforcer le contrôle par des agents formés et équipés d’outils numériques, de réserver certains espaces aux zones de dépose ou de livraison aux heures critiques, ou encore d’expérimenter des partenariats avec des opérateurs privés, en ouvrant les parkings d’entreprises la nuit ou le week-end. L’information et la sensibilisation des usagers sont indispensables pour faire accepter une tarification mieux justifiée et réinvestie dans la qualité du service, selon Omar Ba.

Source : Le Soleil

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