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Dr Ayrton Aubry, directeur scientifique au Laspad de l’Ugb : « La complémentarité à la tête de l’exécutif constitue un avantage pour la diplomatie régionale du Sénégal »

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Auteur d’une thèse de doctorat en Science politique soutenue à Sciences Po Paris avec comme codirecteur Souleymane Bachir Diagne, Ayrton Aubry a travaillé sur le sujet : « Les usages de l’Afrique : étudier l’appropriation dans l’espace mondial à partir de l’africanisation de la sécurité au Sénégal ». Actuellement directeur scientifique au Laspad de l’Université Gaston Berger, il y coordonne le programme Naam (Narrer, depuis l’Afrique, l’Action Multilatérale).

Directeur scientifique au Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-Diasporas (Laspad) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Ayrton Aubry coordonne le programme Naam (Narrer, depuis l’Afrique, l’Action multilatérale). L’objectif de ce programme est de rendre visibles les diplomaties africaines, de les exprimer selon leurs propres termes et de les aiguiller lors des grands sommets multilatéraux.

Après un parcours à l’Institut d’études politiques de Grenoble, il y obtient une licence en science politique et parallèlement une autre en histoire. Après un passage à l’Université Cheikh Anta Diop de Diop, Ayrton Aubry a décroché un master en Relations internationales à Sciences Po Paris, avec un sujet de recherche sur le Sahel.

C’est dans ce même établissement de renom qu’il continue ses recherches pour sa thèse de doctorat avec comme sujet : « Les usages de l’Afrique : étudier l’appropriation dans l’espace mondial à partir de l’africanisation de la sécurité au Sénégal ». Sa thèse soutenue en décembre 2023 a eu la particularité d’être codirigée par le Pr Souleymane Bachir Diagne qui était à l’époque à l’Institute for African Studies de l’Université de Columbia à New York.

« À l’origine, je travaillais, comme le font beaucoup d’autres chercheurs, sur les politiques continentales en matière de sécurité. L’énigme de départ était bien sûr la contradiction entre la multiplication des instruments sécuritaires en Afrique, et celle des violences. Juste avant de commencer ma thèse, j’avais rédigé puis fait publier un mémoire de master sur le G5 Sahel, et je souhaitais élargir le spectre : ne plus étudier une région mais le continent. En privilégiant un changement d’échelle, j’ai légèrement décentré le regard, depuis le Sénégal », a expliqué Dr Ayrton Aubry pour justifier le choix de son sujet.

Il ajoute que son changement de regard est venu un peu plus tard, grâce à son directeur de thèse Souleymane Bachir Diagne qui l’a orienté puis accompagné dans une réflexion autour de l’appropriation à partir de la discipline des « études africaines » telle qu’elle est enseignée aux États-Unis. « Mes réflexions ont ensuite consisté à importer cette discussion philosophique et épistémologique à la discipline des relations internationales », poursuit le Dr Aubry.

Solutions africaines

« À partir de son indépendance, le Sénégal est membre de la “ligne de front”, qui comprend les États frontaliers des territoires encore sous domination coloniale (dans ce cas, la Guinée portugaise). Sous Senghor, le Sénégal était pleinement investi dans la critique du Portugal dans les institutions multilatérales, et dans le soutien au Fling puis au Paigc, deux des principaux mouvements d’indépendance de l’actuelle Guinée-Bissau », a-t-il noté.

Selon lui, aujourd’hui, la participation du Sénégal à la sécurité continentale prend une forme plus libérale, avec la contribution aux opérations de maintien de la paix de l’Onu.

« Au 31 août 2025, le Sénégal avait 1.294 personnels engagés dans une opération de maintien de la paix, principalement dans la Minusca et la Monusco, ce qui en fait le 6e contributeur africain et le deuxième en Afrique de l’Ouest, derrière le Ghana », a précisé Dr Aubry. Il souligne que le Sénégal est un membre actif de la Cedeao, intermédiaire par lequel le président Bassirou Diomaye Faye a tenté une médiation avec les États de l’AES, sans succès.

« Depuis, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est aussi rapproché de ces régimes. Cette complémentarité nouvelle à la tête de l’exécutif est rare en Afrique de l’Ouest, et constitue un avantage certain pour la diplomatie régionale du Sénégal, notamment en matière de sécurité », a-t-il analysé.

Depuis des années, le vocable « Solutions africaines aux problèmes africains » revient dans le débat pour la résolution des crises qui secouent le continent. Mais Dr Aubry fait un questionnement.

« Est-ce qu’une solution africaine consiste simplement à donner le commandement d’opérations de maintien de la paix à des officiers africains, même si les financements sont extérieurs au continent ? Est-ce que c’est une solution qui est démocratiquement élaborée par les populations africaines ? Est-ce que c’est une solution qui repose sur des technologies “authentiquement” africaines » ? s’est-il demandé.

La définition la plus simple, et qui revenait le plus dans mes entretiens, est que les solutions africaines sont celles qui reposent sur des moyens africains. C’est une piste qui me semble très pertinente, bien au-delà du plan matériel.

Senghor l’exprimait déjà dans son discours de 1978 sur la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, lorsqu’il mobilisait l’expression wolof « nit nitaay garabam ». « L’approfondissement de ces réflexions est indispensable pour que l’expression de “solutions africaines” devienne une réalité concrète et surtout pérenne », a répondu Dr Aubry.

Source : Le Soleil

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