Par Abdou lahad Ndiaye, directeur de publication
Dans un Sénégal en perte de repères politiques et institutionnels, la figure de Karim Wade revient au centre des discussions. Comme Soundiata Keïta revenu de l’exil pour restaurer la dignité du Mandé, certains voient en lui le symbole d’une continuité interrompue, d’autres une opportunité manquée. Mais une question demeure : et si son retour marquait un tournant dans l’histoire politique du pays ?
Le Sénégal s’installe lentement mais sûrement dans une période de désenchantement politique. Depuis quelques années, la scène nationale offre le spectacle d’un pouvoir bavard, émotif et souvent improvisé, à mille lieues de la rigueur intellectuelle et morale qui avait autrefois façonné l’État moderne sénégalais. Depuis 18 mois, le souffle chaud envahi nos espoirs et assèche nos maigres acquis.
Ce pays, bâti sur les fondations solides de Léopold SédarSenghor, d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade, semble aujourd’hui en quête de repères. Les principes qui guidaient la République — discipline, responsabilité, sens du bien commun — ont laissé place à la surenchère verbale et à la politique de l’instant. Le débat public, miné par la polarisation et les passions, s’est vidé de sa profondeur.
Dans ce contexte d’essoufflement et d’incertitude, la figure de Karim Wade refait surface, comme un nom qui évoque à la fois le passé, l’exil et la promesse d’un retour. Certains y voient un retour de flamme du libéralisme historique, d’autres une revanche symbolique du clan Wade sur l’histoire. Mais pour une frange de la population, fatiguée de la médiocrité ambiante, son nom résonne comme celui d’un possible rééquilibre.
À bien des égards, sa trajectoire rappelle celle de SoundiataKeïta, ce prince exilé qui, revenu du lointain, avait restauré la grandeur du Mandé. Sans céder à l’excès de comparaison, le Sénégal d’aujourd’hui semble lui aussi en quête d’un restaurateur de sens et de vision.
Le retour de Karim Wade, s’il devait se concrétiser, ne serait pas qu’un événement politique : il marquerait un moment de vérité nationale. L’occasion, pour le pays, de revisiter son rapport à la justice, à la mémoire et à la loyauté politique. Car au-delà des hommes, c’est le modèle de gouvernance sénégalais qui semble en panne.
La question, dès lors, n’est plus de savoir si Karim Wade reviendra, mais si le Sénégal est prêt à dépasser les rancunes et les clivages pour renouer avec la continuité d’un État fort et respecté. Car l’héritage des Wade, au-delà des controverses, reste indissociable de l’histoire politique moderne du pays : une ambition d’envergure, une diplomatie assumée, et une vision d’ouverture économique et régionale.
Aujourd’hui, le peuple sénégalais observe, inquiet mais lucide. Les promesses s’accumulent, la vie devient plus chère, et l’espérance recule. Face à la crise de leadership et de confiance, beaucoup appellent de leurs vœux un retour à la rigueur, à la planification, à la hauteur d’État. Et c’est là que le nom de Karim Wade trouve sa résonance, au-delà de la politique politicienne.
Mais encore faut-il que ce retour, s’il advient, soit porteur d’un projet nouveau. Le Sénégal ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé. Il lui faut un souffle de réconciliation, une génération de bâtisseurs et non de polémistes. Un leadership capable de remettre la République au centre et le peuple au cœur.
Car plus qu’un retour d’homme, c’est un retour d’idées qu’attend le Sénégal : celles du travail, de la compétence et de la vision. Et si Karim Wade veut reprendre ce qui lui revient de droit, il devra d’abord reconquérir la confiance d’un peuple ébranlé, mais encore profondément attaché à ses idéaux.
President Karim, vos concitoyens se meurent, revenez par la grâce de Dieu !
Abdou lahad Ndiaye
Directeur de publication
Laisser un commentaire