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Demande d’extradition de Madiambal Diagne : pourquoi la justice française joue-t-elle les prolongations ?

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Le délibéré dans l’affaire d’extradition visant Madiambal Diagne se fait désirer. Annoncé pour le mardi 25 novembre, il a été renvoyé au 3 février 2026. Ainsi en a décidé le Tribunal de Versailles qui a motivé ce renvoi par une demande de complément d’informations assorti d’un deadline qui lie la justice sénégalaise. Rien que cela ?

Le juge français estime que les arguments à lui envoyés par le Sénégal sont légers. Par conséquent, il sollicite de la justice sénégalaise des éléments supplémentaires lui permettant de statuer. Les autorités sénégalaises sont donc tenues de répondre à la demande du juge français, au plus tard le 23 janvier. En attendant, Madiambal reste sous contrôle judiciaire.  

Rappelons que l’ancien greffier, devenu journaliste et homme d’affaires, est sorti du Sénégal sur la pointe des pieds et rallier la France à partir de la Gambie. C’était pour ne pas être appréhendé par les forces de sécurité à ses trousses, suite à une procédure judiciaire ouverte contre lui. Il est accusé d’avoir encaissé irrégulièrement des rétrocommissions présumées d’environ 21 milliards de francs CFA. A l’appui des accusations, on fait état de transactions suspectes tracées entre ses comptes d’homme d’affaires et ceux de l’entreprise française Ellipse Projects, spécialisée dans la construction d’infrastructures hospitalières en Afrique.

En allant demander l’asile en France, Madiambal laisse son épouse et ses deux fils entre les mains de la justice sénégalaise. Ils sont inculpés de prétendu blanchiment de capitaux, aggravé du délit d’association de malfaiteurs. Des poursuites en lien avec le dossier concernant le journaliste fugitif.

Depuis la France, Madiambal Diagne dénonce un « dossier politique » pour faire croire à une persécution orchestrée par les autorités sénégalaises, uniquement parce qu’il serait dérangeant, surtout de par des dossiers qu’il détiendrait contre le Premier ministre qui reste la principale cible de cette dénonciation de persécution. En témoignent les accusations publiques de Madiambal Diagne à travers les réseaux sociaux, les ondes de radios ou plateaux de télévisions privées. Est-ce une façon subtile d’ancrer dans la tête des autorités françaises son alibi de persécution pour des raisons politiques ? Et de ce fait bénéficier d’une protection du pays d’asile, comme c’est souvent le cas pour les réfugiés politiques ?

En tout cas, Madiambal a remporté la première manche puisque, non seulement il a su passer entre les mailles du filet de la justice sénégalaise qui court désormais après ses traces, suspendue à la décision d’extradition d’un juge français. Mais aussi, sans nul doute, ses dénonciations ne sont pas étrangères à la position de grande prudence adoptée par la justice française, laquelle demande des éléments plus convaincants pouvant justifier une décision d’extradition. Ne serait-ce aussi une façon de se hâter lentement pour permettre aux barbouzes français de vérifier les accusations portées par Madiambal à l’encontre du Premier ministre ?

Ceux qui savent bien comment fonctionnent des puissances occidentales comme la France, ne peuvent écarter une telle hypothèse, au vu de tout ce que Madiambal a déclaré détenir comme dossiers. D’ailleurs, le premier réflexe des professionnels des renseignements et de la sécurité, ne serait-il pas de faire passer Madiambal à une séance de débriefing et tenter, au besoin, de prendre connaissance des prétendus dossiers qu’il déclare détenir ? Rien d’extraordinaire. C’est un réflexe de barbouze !

L’on comprend mieux maintenant la colère des autorités contre des journalistes qui ont offert au journaliste et homme d’affaires fugitif des plateaux d’expression pour plaider son innocence avant jugement. Des occasions qu’il n’a pas raté pour dénigrer le Premier ministre qu’il accuse de manipuler la justice.

Pareilles affirmations ne peuvent laisser indifférentes les autorités françaises qui, par ailleurs, ne rechigneraient en rien à trouver des failles au dossier pour se garder de livrer Madiambal Diagne à la justice sénégalaise. En effet, accepter que les arguments fournis par le Sénégal sont suffisamment solides pour l’exgtrader, reviendrait, pour la France, à livrer aussi à la justice sénégalaise des co-accusés de Madiambal qui se trouvent être des Français de souche. Il s’agit des dirigeants de l’entreprise Ellipse Projects que l’on présente parfois comme proches de sommités du pouvoir français.

 Ce qui expliquerait certainement la demande d’informations plus incriminantes de la part du juge pour, officiellement, pouvoir bien discerner l’aspect pénal de celui politique dans la décision à rendre. Mais, en définitive, cela permet de jouer les prolongations du blocage de ce dossier déjà très embarrassant pour la France dont une de ses entreprises, rappelons-le, et ses dirigeants, seraient au cœur de ce scandale financier de plusieurs milliards de nos francs.

A.B. N.

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