En Guinée Bissau, ça sentait le soufre après les élections du dimanche 22 novembre 2025 ! Nous avions prévenu du risque de coup d’état, à travers les deux derniers paragraphes de notre texte publié le mardi dernier, 25 novembre 2025.
Nous écrivions mardi dernier, précisément le 24 novembre 2025 : « La Commission nationale électorale (CNE) a annoncé, dimanche 23 novembre 2025, que les premières tendances devraient être connues d’ici le jeudi 27 novembre 2025. Mais sans attendre, deux camps se sont autoproclamés vainqueurs : celui du président sortant, Umaro Sissoco Embaló et celui de l’opposant Fernando Diaz dont le porte-parole déclare que son candidat a plus de 50% des voix exprimées ».
Ensuite, nous ajoutions ce paragraphe à l’allure prémonitoire : « Intox ou préparation de l’opinion à un hypothétique contentieux électoral ? Allez savoir : En tout cas, la communauté internationale veille, surtout la Cédéao et les pays voisins comme le Sénégal, lesquels surveillent les élections dans ce pays comme du lait sur le feu pour prévenir toute dérive susceptible de réveiller les vieux démons d’un passé récent qui ne contribuera qu’à déstabiliser l’Afrique de l’ouest déjà fortement menacée par le terrorisme ».
A vrai dire, Sen-Quotidien a tapé dans le mille par cette alerte. Le coup d’état tant redouté a bel et bien eu lieu en Guinée Bissau. Le président sortant, le chef d’état-major et son adjoint, ainsi que le ministre de l’Intérieur ont été mis aux arrêts par une nouvelle junte qui se fait appeler « Haut commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public », sous les ordres du brigadier général Denis N’Canha, chef du bureau militaire de la présidence de la République.
Le nouveau maître de Bissau affirme, dans un communiqué rendu public dans l’après-midi du mercredi 26 novembre 2025, avoir déposé le chef de l’État Umaro Sissoco Embaló et prendre le « contrôle total » de la Guinée-Bissau. Il a aussitôt annoncé une batterie de mesures : le processus électoral est suspendu ainsi que toutes les manifestations et émissions radiotélévisées à caractère politique. Les frontières terrestres et aériennes sont fermées et un couvre-feu décrété.
La Cédéao, il faut l’avouer, n’a pas fait preuve de proactivité car, à Bissau, bien avant même le scrutin du 23 novembre précédé par des événements et faits assez évocateurs d’une probable déstabilisation, on sentait le soufre dans l’atmosphère politique nationale. Dès lors, il fallait se préparer à parer à toute éventualité, si l’on sait que ce pays est très convoité par les cartels sud-américains qui l’ont toujours rendu ingouvernable pour en faire leur porte d’entrée en Afrique. De ce point de vue, la déstabilisation de la Guinée Bissau est une menace sérieuse pour la sous-région ouest africaine. Disons même une menace de plus, en considérant le terrorisme « jihadiste » qui se propage dangereusement.
Certes, la Cédéao fera son baroud d’honneur. Comme c’est le cas après chaque coup d’état en Afrique de l’ouest. Toujours mise devant le fait accompli, elle brandit le spectre de l’intervention de sa force en attente. Certainement que, l’attente étant trop longue, cette force s’est finalement endormie. Aucune intervention efficace à ce jour !
Le vin est tiré, reste maintenant à la boire, même s’il faille l’avaler difficilement comme une pilule amère.
La Cédéao et des organisations régionales satellites louvoient, pendant que la communauté internationale reste encore timide dans ses réactions, ayant certainement retenu les leçons d’un passé récent, notamment au Mali, au Niger et Burkina Faso.
ABN
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