Le chroniqueur et rappeur engagé Malal Almamy Talla, plus connu sous le nom de Fou Malade, a déposé une plainte contre X auprès de la Brigade de la Gendarmerie de la Foire, à la suite de menaces directes proférées à son encontre le lundi 21 juillet. L’incident, aussi soudain que préoccupant, vient raviver les tensions autour de la liberté d’expression dans un climat politique particulièrement chargé.
Ce jour-là, l’artiste ne se trouvait pas en promenade hasardeuse, ni en quête de détente face à l’Atlantique. Il revenait simplement d’une visite rendue à l’homonyme de sa fille – un moment familial ordinaire, presque anodin. Mais c’est précisément dans cette bulle de vie quotidienne que la menace est venue le cueillir. Alors qu’il s’apprêtait à quitter les environs de la plage BCEAO, un homme s’est approché de lui. Élancé, de teint noir, vêtu d’un maillot blanc floqué au dos du nom « Jules Sonko », l’individu s’est adressé à lui sur un ton sec, sans aucune introduction ni ambages : « Hé, Fou Malade, arrêtez de dire du n’importe quoi sur Ousmane Sonko dans votre émission Jakaarlo Bi ! »
Une phrase en apparence simple, mais qui sonne comme une sommation. La suite n’a rien d’une discussion. « Si vous ne foutez pas la paix à Ousmane Sonko, vous n’aurez jamais la paix. » Fou Malade n’est pas un chroniqueur comme les autres. Figure emblématique du rap engagé, ancien membre du collectif Y’en a marre, il est aussi l’un des visages les plus suivis de l’émission Jakaarlo Bi, diffusée chaque vendredi sur la TFM. Dans ce programme à forte audience, il se distingue par des prises de parole sans filtre, des analyses tranchantes, parfois à contre-courant, qui visent autant le pouvoir en place que les figures de l’opposition. Mais cette liberté, chèrement acquise, semble aujourd’hui lui valoir des critiques et des intimidations. Il est devenu, au fil des années, une conscience critique du Sénégal, un homme que l’on écoute.
Tentant de comprendre ce qui motivait l’agressivité soudaine de son interlocuteur, Fou Malade s’est adressé à lui calmement : « Pourquoi tu me parles avec ce ton ? Est-ce que tu me connais ? » La réponse a résonné comme un message collectif adressé aux journalistes et chroniqueurs : « C’est à toi que je parle, et à l’ensemble des chroniqueurs de Jakaarlo Bi. Vous allez foutre la paix à Sonko, dans tous les cas. »
Le ton monte. Les mots deviennent plus lourds, plus froids, plus inquiétants. L’homme, visiblement décidé à faire passer un message clair, va jusqu’à formuler une menace directe d’une violence psychologique rare : « Je te connais. Je sais où tu habites. Je viendrai sans te prévenir. Mets-toi ça dans la tête. » Une phrase lourde de sens, dans un pays où les clivages politiques peuvent prendre des allures de règlements de comptes.
Selon L’Observateur, les faits se seraient déroulés en présence d’un témoin, un ami du nom de Pape Diallo, qui pourra attester de la scène. Dans la foulée de cet événement troublant, Malal Talla a rédigé une plainte formelle adressée au commandant de la Brigade de la Gendarmerie de la Foire. Le ton de la lettre est posé, mais ferme. Il y décrit avec précision les faits, les mots, l’apparence de l’individu et les circonstances dans lesquelles il a été menacé.
Dans cette missive, l’artiste rappelle aussi une vérité élémentaire, trop souvent négligée quand il s’agit de personnalités publiques : « Je suis un citoyen et votre devoir est de me protéger. » Ce rappel aux institutions n’est pas anodin. Dans un contexte où la figure d’Ousmane Sonko divise profondément, certains de ses partisans semblent désormais prêts à franchir une ligne rouge. Cette dérive inquiète. Aujourd’hui, Fou Malade est devenu la cible d’intimidations à cause de ses prises de position médiatiques. Mais fidèle à son tempérament de combattant, il ne se démonte pas. En guise de réponse à son agresseur non identifié, il lance, calme mais déterminé : « Je t’attendrai de pied ferme. Sois le bienvenu. »
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