Avec l’élection du président de la Commission de l’Union africaine, il était dit que le soleil allait se lever à l’est vu que les trois candidats, selon le principe de la rotation régional, provenaient tous de cette partie du continent. Ce n’est pas le Kenya un des rayons les plus éclatant de l’Afrique de l’est qui a pu voir son candidat triompher. L’ancien Premier ministre Kenyan, Raïla Ondinga, malheureux prétendant à la présidence de son pays lors des dernières élections présidentielles s’est encore incliné pour celle de la Commission de l’Union africaine.
Un revers qui met en lumière un petit pays de la corne de l’Afrique. Mahmoud Ali Youssouf, nouveau visage de l’organisation continentale, est venu d’un petit pays, Djibouti, sur le plan géographique dans une zone où les pays qui la composent sont souvent caractérisés par l’immensité territoriale. Du géant de la région, l’Ethiopie, ou encore le vaste Soudan scindé en deux, le développé Kenya et la touristique Tanzanie.
Comme son pendant ouest africain, cette partie orientale du continent est sujette, ces trois dernières décennies, à des conflits ethniques, rebellions chroniques, instabilité politique et étatique. Ceci se traduit par des guerres à répétitions comme ce qui se passait et se passe actuellement en Ethiopie, Soudan et Somalie ou encore les crises post-électorales avec les violences meurtrières que le Kenya a connu en 2008 et 2017. C’est dans cet espace très crisogène et aussi criminogène que Djibouti a réussi à connaitre un cycle institutionnel et social depuis une décennie malgré quelques soubresauts. Même si, au plan démocratique, ce pays n’a jamais connu d’alternance politique depuis son indépendance en 1977, il a réussi à garder sa stabilité malgré le tourbillon qui l’entoure et à placer un des fils à la tête de la plus grande et importante institution de l’Union africaine. La victoire de celui qui était depuis 2005 ministre des Affaires étrangères de son pays comme président de la Commission de l’Ua montre à suffisance l’influence d’un petit pays qui est aux confluences de l’Afrique et l’Asie. Cette position centrale au plan géographique a été ainsi exploitée et même monnayée.
Djibouti est le seul pays en Afrique qui accueillie plusieurs bases militaires. Situé en face Mer Rouge, important carrefour des chaînes d’approvisionnement logistiques mondiales, ce pays abrite, en plus de celles de la France, des bases américaines, chinoises, japonaises, italiennes et peut être prochainement russes. Cette ambivalence dans le choix de ses partenaires internationaux lui a ainsi permis de se positionner comme une destination pour toutes les puissances globales et régionales en quête d’affirmation. C’est en se basant sans doute sur cette forme de politique étrangère qui lui offre la possibilité de parler à tout le monde et sans avoir un choix à faire, que Djibouti s’est permis d’avoir aujourd’hui une voix qui porte, pour ainsi ouvrir la voie à Mahmoud Ali Youssouf. Avec ses vingt ans de présence à la tête de la diplomation djiboutienne, Mahmoud Ali Youssouf a ainsi contribué activement à façonner la politique étrangère de son pays et à promouvoir la coopération régionale en Afrique. Une longévité à son poste qui lui a permis de connaitre les enjeux auxquels le continent fait et va faire face. Certainement son pedigree, son parcours et le positionnement stratégique de son pays lui seront d’un grand apport dans sa mission.
Naturellement, l’Afrique de l’est, sa zone d’origine traversée de ce tourbillon de conflits ethniques, rebellions chroniques, instabilité politique pourra tirer grandement profit de la lumière de Djibouti vient de projeter… oumar.ndiaye@lesoleil.sn
Source : Le Soleil
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