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ÉDITORIAL – L’Aveu d’un Premier ministre

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Ce discours du Premier ministre semble être un aveu

Lundi 14 juillet 2025, le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, s’est adressé à ses ministres dans le cadre d’une réunion solennelle sur l’Agenda Sénégal 2050. Un moment qui se voulait stratégique, porteur d’élan, d’orientation, d’ambition. Mais à l’écoute des mots choisis, du ton employé, du contenu même de l’intervention, un constat s’impose : ce discours semble être un aveu. Un aveu d’impuissance. Un aveu de blocage. Un aveu que l’État, dans sa forme actuelle, ne fonctionne plus.

Seize mois après sa nomination à la tête de la Primature, M. Ousmane Sonko en est encore à rappeler à ses ministres les fondamentaux de l’action publique, à exiger coordination, discipline, efficacité. Cela peut signifie une chose, une seule : l’administration tourne à vide, les projets stagnent, la machine semble grippée. Et la méthode promise, celle de la rupture, peine à émerger.

Il faut avoir le courage de nommer les choses : le système étatique sénégalais, hérité de la colonisation, est conçu non pour servir mais pour contrôler. Un État centralisé à l’excès, compartimenté à l’extrême, multipliant agences et directions, souvent déconnecté des réalités sociales et territoriales. Une structure conçue pour gérer des sujets, non pour accompagner des citoyens.

Et c’est cette architecture que le pouvoir actuel semble refuser, ou hésite, à remettre en cause. À force de vouloir « réformer » sans refondre, on ne fait que reproduire les mêmes effets. On multiplie les déclarations, on crée des task forces, on exige des rapports… sans jamais toucher au cœur du problème : la forme même de l’État, sa lourdeur, son inertie, son inadaptation à l’ère du service public moderne.

Le Premier ministre semble croire qu’il suffit d’une feuille de route, d’un logiciel performant ou d’une communication rythmée pour gouverner autrement. Mais le réel est têtu. Et le changement, profond, exige plus que des injonctions. Il exige un cap, une vision, une volonté politique assumée.

Ce que le peuple semble attendre, ce n’est pas un management étatique, mais plutôt une refondation. Une simplification administrative, une décentralisation réelle, une clarté dans la chaîne de responsabilité, une transparence dans les décisions. Le peuple semble vouloir un État juste, sobre, accessible. Ce qu’il reçoit aujourd’hui, ressemble plus à des slogans sur fond de pratiques anciennes.

Le nouveau pouvoir semble changé les visages, mais pas les règles. Il a remplacé des technocrates expérimentés par des profils souvent militants parfois inexpérimentés disent certains; pensant que l’élan politique suffirait à compenser l’absence de maîtrise des rouages. En doctrine de gouvernance, c’est organiser une action et on l’incarcération permanente d’une posture.

À force de concentrer les décisions à la Primature, d’accumuler les structures parallèles, le pouvoir donne le sentiment d’une centralisation fébrile, d’une gestion dans l’urgence. La vitesse est devenue un substitut au Cap déclaré.

Ce discours était censé relancer l’action. Il révèle surtout un désarroi vu le ton employé par le Premier ministre. Car au fond, le gouvernement en est à constater ce que beaucoup disent depuis longtemps : il y a un décalage abyssal entre les promesses de rupture et la réalité administrative. L’État reste clientéliste, bureaucratique, inégalitaire. Et tant que sa matrice ne sera pas repensée, les intentions, aussi sincères soient-elles, seront vouées à l’échec.

Suffit-il de parler plus? Il faut agir. Le peuple sénégalais semble ne plus vouloir de bilans d’étape, il voudrait des changements de cap. Il ne veut plus de diagnostics, il attend des solutions. Et surtout, il veut une gouvernance nouvelle. Une gouvernance enracinée, humble, rigoureuse. À hauteur d’homme.

A.A.N
SenQuotidien

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