L’économiste sénégalais Mouhamadou Madana Kane, spécialiste de la finance du développement, estime le problème fondamental auquel le Sénégal se trouve confronté en matière d’emploi réside dans une vision économique centrée sur l’interventionnisme financier de l’État.
L’économiste intervenait au lancement du Cercle de réflexion inclusif sur le Sénégal (CERISE), jeudi, à Dakar.
Ce Cercle se veut une plateforme mise en place pour fédérer les énergies au niveau national afin de permettre à tous les Sénégalais, de quelque bord qu’ils soient, de le rejoindre et de réfléchir sur les enjeux qui intéressent le Sénégal.
M. Kane plaide pour un changement de paradigme visant à faire de l’État un catalyseur du secteur privé, plutôt qu’un acteur direct de création d’emplois.
”L’État injecte de la liquidité, mais il faut évoluer vers un modèle où l’État investit pour permettre au secteur privé de créer de l’emploi”, a soutenu ce juriste et banquier de formation.
À ce titre, il propose de dissoudre les différents programmes publics dédiés à l’emploi et de les fusionner en une ”Caisse d’aide à la productivité et à l’emploi” regroupant les fonds d’impulsion, les mécanismes de microfinance et les instruments logés dans divers ministères.
Cette Caisse d’aide à la productivité, a-t-il précisé, comporterait plusieurs guichets, pour la garantie bancaire, la subvention ou l’équipement par exemple, afin de répondre à la diversité des besoins des acteurs économiques.
Selon M. Kane, la réforme doit toucher trois “leviers majeurs” correspondant à l’opérationnel (accompagnement des PME/PMI), le financement et le politique, afin de les rendre “plus cohérents et mieux articulés”.
Sur le plan institutionnel, il préconise “une refonte plus profonde”, en créant simplement un ministère du développement productif appelé à prendre en charge les secteurs de l’agriculture et de l’industrie adossés à la formation professionnelle.
Il a insisté sur le fait que la formation technique et professionnelle doit être alignée sur les besoins réels du tissu productif national.
Citant l’exemple des automaticiens recherchés par des industriels, il affirme que de nombreux emplois peuvent être créés si les profils adéquats sont formés.
”L’enseignement professionnel doit être lié au développement productif”, a-t-il martelé, ajoutant que cette approche permettrait d’aligner les ressources humaines sur les besoins des secteurs productifs.
Source : APS
Laisser un commentaire