La construction de nouveaux barrages sur les affluents non régulés (Falémé, Bakoye) est une des recommandations formulées par l’Organisation pour la mise en valeur Sénégal (OMVS) pour juguler les inondations.
Cette recommandation figure dans un rapport de 2024, sur les inondations dans le Bassin du fleuve Sénégal, dont le résumé a été remis à la presse en marge d’un atelier régional sur ”l’innovation, la résilience climatique et la prévention des inondations dans le bassin du fleuve Sénégal”.
Cette rencontre est organisée conjointement par l’OMVS et le Pôle mondial d’innovation de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UGIH/CCNUCC).
Le rapport recommande aussi le développement de systèmes d’alerte précoce accessibles aux populations via SMS, radios ou applications mobiles pour faire face à ces crues excessives.
Il préconise également une cartographie précise des zones inondables, accompagnée d’une réglementation stricte sur les constructions et les cultures en zones à risque et la sensibilisation communautaire et l’établissement de comités locaux de gestion des risques.
La réinstallation volontaire des populations les plus exposées et la construction de digues protectrices dans les zones critiques font parties des recommandations formulées dans le rapport qui conseille le renforcement de la connaissance scientifique sur les crues passées et futures, incluant l’intégration de la non-stationnarité dans les modèles de prévision.
Ce rapport a fait auparavant une analyse des quantités de crue au fil du temps montrant une augmentation marquée des valeurs extrêmes, reflet d’un régime hydrologique de plus en plus instable. Cette tendance est en partie attribuée au changement climatique et à la variabilité naturelle accrue du régime des pluies dans le bassin.
Selon ce document, les fortes crues de 2024 sont dues à la combinaison de plusieurs facteurs : pluies extrêmes sur le haut bassin, apports incontrôlés des affluents comme la Falémé et le Bakoye, et déversements depuis le barrage de Manantali.
”La caractérisation hydro climatique de l’hivernage 2024 montre une pluviométrie exceptionnelle et les stations de Daka-Saidou, Bafing-Makana et Gourbassi ont enregistré des cumuls annuels proches ou supérieurs à 2000 mm. Le mois d’octobre a été particulièrement pluvieux, surpassant même août et septembre, les mois traditionnellement les plus humides”, lit-on dans le document.
Ce décalage saisonnier, combiné à la saturation des sols, a fortement accru le ruissellement et les risques de crue, selon le résumé du rapport qui révèle une tendance nette à l’augmentation des débits extrêmes sur plusieurs stations.
En 2024, en effet, les crues à la station de Bafing-Makana ont largement dépassé le seuil correspondant à une période de retour de 100 ans (175 ans estimés), là où la station de Gourbassi, sur la Falémé, a aussi enregistré des débits supérieurs à la crue décennale.
Faisant un tableau de l’étude des inondations et de leur impact, les rédacteurs de cet exercice notent que ”près de 500 localités ont été touchées, dont plus de 300 au Sénégal et une soixantaine en Mauritanie”.
Le Mali (région de Kayes) et la Guinée (région de Mamou) ont été moins impactés, bien que des sinistres y aient été rapportés, selon ce rapport qui fait état de plus de 2700 hectares inondés, principalement sur la rive gauche du Sénégal, avec une forte concentration dans les départements de Podor (plus de 1000 ha), Matam (750 ha) et Kanel (530 ha).
”Bien qu’aucune estimation exhaustive ne soit disponible, les pertes sont estimées à plusieurs milliards de FCFA, affectant fortement les moyens de subsistance des communautés riveraines”, selon toujours la même source.
Source : APS
Laisser un commentaire