Le projet ambitieux de l’ancien maire de Dakar, Barthélémy Dias, visant à doter la capitale de 200 toilettes publiques pour un coût total de 2 milliards de francs CFA, semble aujourd’hui à l’abandon. Une initiative saluée à l’époque pour son impact attendu sur l’hygiène urbaine et le mieux-être des populations, mais dont la réalisation est désormais stoppée net, laissant place à un flou sur sa gestion et sa pertinence.
Sur les grands axes de Dakar, les édifices inachevés ou mal entretenus des toilettes publiques rappellent ce qui devait être un tournant dans la politique de salubrité de la ville. À peine visibles ou dans un état de délabrement avancé, ces structures suscitent aujourd’hui des interrogations légitimes : les 2 milliards FCFA mobilisés ont-ils été un investissement perdu pour le contribuable ? Ou cette déchéance est-elle simplement le reflet d’une transition politique mal assumée ?
Un projet mort-né ou étouffé ?
Initié sous le magistère de Barthélémy Dias, ce projet s’inscrivait dans une volonté de moderniser les services de base dans une capitale en pleine expansion démographique. Toutefois, depuis son départ de la mairie, de nombreux chantiers qu’il avait lancés semblent connaître le même sort : arrêtés ou ralentis, sans communication claire des autorités actuelles.
Certains observateurs y voient un problème de continuité de l’action publique, tandis que d’autres évoquent un déficit de financement ou d’intérêt de la nouvelle équipe municipale pour les projets de leur prédécesseur. « C’est regrettable. Ce n’est pas le projet de Barthélémy Dias qui est en jeu, mais l’hygiène et la dignité des Dakarois », déplore un habitant de Niary Tally.
Une idée irremplaçable ?
Le projet de toilettes publiques ne se limitait pas à un simple équipement sanitaire. Il visait également à créer des emplois pour les jeunes, promouvoir l’entrepreneuriat local dans la gestion et l’entretien de ces lieux, et contribuer à une meilleure image de la ville.
Aujourd’hui, le silence des autorités municipales sur le sort de ces toilettes publiques laisse penser que l’idée, pourtant saluée, n’a pas trouvé de porteurs capables ou désireux de la poursuivre. La question se pose alors : le problème est-il uniquement financier ou relève-t-il d’un désintérêt pour les visions portées par l’ancien maire ?
Une perte pour qui, finalement ?
Barthélémy Dias a-t-il perdu son pari en quittant la mairie avant l’aboutissement de ses projets ? Ou le Sénégal a-t-il perdu une opportunité de modernisation urbaine ? Pour beaucoup, l’enjeu dépasse les querelles de personnes : il s’agit d’une gouvernance responsable, capable de transcender les clivages politiques au profit de l’intérêt général.
Dans un contexte où Dakar fait face à des défis croissants en matière d’assainissement et d’urbanisation, l’abandon de tels projets interpelle. À moins d’une reprise rapide ou d’un audit clair, le risque est grand que ces 2 milliards FCFA s’envolent en fumée, avec eux, l’espoir d’une ville plus propre et plus humaine.
Kémo DAFFÉ journaliste
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