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LA CHRONIQUE DE MLD Pastef à l’épreuve du pouvoir et du déchirement…

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Par Mamadou Lamine DIATTA

« Dans la vie politique on ne se fait pas, on ne se crée pas de véritables amitiés. On a quelques bons compagnons. » François Mitterand

D’abord un constat : la fameuse rencontre du lundi 14 juillet 2025 entre le Président Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko et quelques hauts dignitaires de la première heure du parti au pouvoir était évidemment informelle. Donc rien d’officiel d’autant que cela ne concernait l’État du Sénégal que par ricochet. Le problème c’est que toutes ces figures emblématiques ayant pris part à la rencontre incarnent aujourd’hui le Sénégal. Autrement dit, leurs querelles intestines aussi minimes et négligeables qu’elles soient, déteignent rapidement sur le fonctionnement de l’administration et même de notre vivre-ensemble. De ce point de vue, ils ont sûrement fait preuve d’un sens remarquable des responsabilités pour sauver la situation.
Cela dit, cette rencontre a servi de Catharsis pour sûr. S’agit- il alors d’une crise différée ?
Possible d’autant qu’il est évident qu’on vient de vivre au moins une mini- crise suite à la sortie musclée de Sonko le Président de Pastef qui, faudrait-il le rappeler, n’avait pas mâché ses mots conformément à ce style cash que tout le monde lui connaît.
Sa relation jusque-là fraternelle et fusionnelle avec le Chef de l’État relève de l’évidence. Seulement voilà, il ne faut jamais s’enflammer en adoptant le champ lexical de ces groupies qui scandent à l’envi  » Sonko moye Diomaye, Diomaye moye Sonko « . Il faut rester lucide car « la politique dénature et ruine l’amitié  » pour paraphraser le célèbre auteur Tahar Ben Jelloun. François Mitterand était moins péremptoire en soutenant que « dans la vie politique, on ne se fait pas, on ne se crée pas de véritables amitiés. On a quelques bons compagnons ».
Des minutes du protocole du 14 juillet 2025 on a grapillé quelques décisions fortes comme le retour au Parti/ État pour disposer de tous les leviers et mieux gouverner. Le Président de la République avait pourtant démissionné du Pastef pour envoyer un signal fort de neutralité et de rupture. Tout porte à croire que cette posture qui l’avait un peu éloigné de l’appareil qui l’avait installé au pouvoir n’est pas l’idéal, du moins pour la ligne dure de Pastef incarnée par Ousmane Sonko et ses innombrables inconditionnels.
En vérité et c’est une triste réalité, dans les pays africains, les équilibres sont fragiles et le niveau de nos démocraties ne permet pas encore de mettre une croix sur le Parti/ État. C’est d’ailleurs ce qui explique l’analyse de certains politologues qui croient savoir qu’un parti politique vainqueur aux élections doit gouverner avec ses hommes qu’il doit placer dans les ministères de souveraineté comme l’intérieur, la justice, les affaires étrangères, les forces armées … C’est exactement le drame existentiel de ce Pastef dont les hauts responsables semblent traîner quelques divergences à ce sujet comme un boulet.
Tout de même, cet attelage institutionnel Diomaye/ Sonko reste inédit. Il ya probablement deux niveaux de validation des réformes majeures. Et cela peut engendrer forcément des lenteurs.
L’autre problème c’est que le Président Bassirou Diomaye Faye a été élu et doit donc gouverner. Mais avec qui ? Avec quoi ? Dans quel contexte ? Aujourd’hui, il incarne cette République du Sénégal souvent invitée dans les plus grands banquets de la planète. Mais entre la légalité et la légitimité, il ya un monde.
Si Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko ne font pas preuve d’intelligence sociale, ils auront du mal à travailler ensemble, à convaincre les Sénégalais et à ériger les chantiers du développement et du progrès collectif. En un mot comme en mille, ils auront échoué…À DIEU ne plaise !
Le Pastef est donc à la croisée des chemins, disons à l’épreuve du pouvoir. Le Président de la République serait intoxiqué par des identités fortes qui travaillent avec lui. Possible. C’est connu, l’entourage d’un Leader est souvent déterminant dans son comportement.
Mais il est évident que si Diomaye et Sonko commettent l’erreur de laisser n’importe qui s’ériger en intermédiaires entre eux, il y’aura forcément des fritures sur la ligne et la relation jusque-là fraternelle voire fusionnelle sera carrément intoxiquée. Tout le monde n’a pas intérêt à ce que ce tandem inédit fonctionne Clair et net.
Aujourd’hui force est de constater que ces deux mastodontes de l’espace public ne s’appartiennent plus, ils ne sont les enfants d’aucune famille. Ils ont plutôt une responsabilité historique de diriger un navire que 18 millions de Sénégalais leur ont confié. Ils doivent souvent s’enfermer dans une pièce pour se parler en Gentlemen afin de trouver une solution et sauver ce Sénégal en grande difficulté de trésorerie. C’est cela l’urgence signalée. À la limite, si les divergences internes et les querelles intestines intra- Pastef devraient intéresser les Sénégalais, ce serait juste pour dire au tandem au pouvoir de veiller à ce que ce malaise partisan soit strictement contenu pour qu’il ne déteigne point sur la marche de l’État. Vaste programme pour cette jeune formation politique visiblement rattrapée par une violente crise de croissance.
L’enjeu c’est déjà la prochaine présidentielle.
Justement c’est tout le paradoxe ce cette situation burlesque : 2029 c’est pas ici et maintenant. Il reste encore du chemin et beaucoup d’eau va couler sous les ponts …
Qu’est ce qui explique cette agitation subite autour de cette année magique ?
Même Barthélémy Dias s’agite. C’est la danse des scalps dans ce pays spécial. Nous sommes rarement dans l’essentiel, toujours dans l’accessoire. L’essentiel aujourd’hui c’est l’économie, libérer les énergies et booster la productivité nationale pour un pays pauvre, endetté et importateur net de produits alimentaires.
Oui, les urgences existentielles restent prégnantes. L’économie est pratiquement à l’arrêt du moins on voit peu de grands chantiers en mesure d’absorber tous ces jeunes désœuvrés en quête d’emplois.
Cela reste l’une des faiblesses de la gouvernance Pastef : ce régime est plutôt concentré dans l’immatériel, les questions de gouvernance. C’est bien et personne n’en disconvient. Mais le hic c’est cette déclinaison quotidienne d’un narratif pessimiste avec des formules du genre  » serrer la ceinture », « un pays au quatrième sous- sol », « tensions de trésorerie » etc. Or, un chef de famille doit toujours éviter de tenir un langage alarmiste. Il est là pour susciter, entretenir et garder incandescente la flamme de l’espoir. C’est cela son rôle majeur voire vital. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko doivent en prendre de la graine. C’est leur mission historique !

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