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Le marécage des réseaux sociaux (Par Omar Diouf)

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L’ouvrage « Discorde mortuaire » de l’enseignant Amadou Diégane Sarr met le curseur sur les ravages des réseaux sociaux dans nos sociétés actuelles. En remontant les malheureux événements survenus au Sénégal ces deux dernières années, avec leurs lots de dégâts matériels, saccages d’universités et de stations-services, de grandes surfaces commerciales, de maisons d’honnêtes citoyens, et malheureusement de morts d’hommes, l’écrivain alerte sur la menace de la paix et la cohésion sociale dans notre pays.

L’auteur, en fustigeant le manque de sérénité, de courtoisie, de fair-play des acteurs politiques dans leurs méthodes de conquête de pouvoir, appelle également à repenser voire humaniser les rapports entre citoyens et les forces de sécurité. Voilà, le tableau dessiné par Amadou Diégane Sarr. Il dit haut ce que toute personne sensée pense bas ces dernières dans notre vie quotidienne. Et les réseaux sociaux ont exacerbé cette violence verbale et physique, avec les injures les plus invraisemblables, les appels inouïs au meurtre. Certains internautes vont même jusqu’à se réjouir de la mort de certains concitoyens qui ne sont pas du même bord politique qu’eux ! Il est même arrivé, le comble de l’ignominie, que la mort d’un juge suscite enthousiasme sur les réseaux sociaux.

Des mois plus tard, un policier presque lynché à coup de pierre, un dimanche, à Thiès, a été raillé sur le web. Certains ironisant qu’il fallait l’achever. Oui, les archives numériques sont encore bien là, et l’on ne devrait pas en être fier. Un illustre guide religieux a également été traité de tous les noms d’oiseaux sur les réseaux sociaux après son appel au calme et à la sérénité lors de tensions sociopolitiques.

Ces injures sont parvenues jusque dans ses saintes oreilles, mais tout serein, il a tenu à apaiser les cœurs, en répondant qu’il pardonne à tous ceux qui l’ont insulté. Comme si l’anonymat de la toile décuplait le courage de certains, ils n’hésitent pas à donner leur avis sur tout, juger et condamner d’honnêtes citoyens. Pire, on va jusqu’à jeter l’opprobre sur des personnes, voir leur famille, leurs origines ethniques. Comme la radio et la télévision qui ont libéré une certaine parole dans le temps et au fil de l’évolution des technologies de l’information et de la communication, l’Internet est venu avec son lot de libertés de ton.

À défaut de l’utiliser à bon escient, nous en usons et abusons depuis sa popularisation. Et le boom des réseaux sociaux, dont Facebook, Tik Tok, Twitter et autres, n’a fait que démocratiser davantage les tribunes pour exprimer ses idées, son opinion sur un sujet politique, de société, mais également… déverser sa colère, voire sa haine sur telle ou telle personne ou communauté. L’on va même jusqu’à livrer un concitoyen à la vindicte populaire ou appeler tout simplement à la révolte aveugle, au pillage de biens d’honnêtes citoyens ou inciter au meurtre.

Que dire également des Fake news, des intox, des délations sur la toile ? Comme avec la télévision et la radio, la décision de l’État de réguler des réseaux sociaux vient à son heure au Sénégal et les mettre sous le giron du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), avec des prérogatives plus étendues sur les nouveaux médias, ne sera que salutaire. Il nous faut des garde-fous pour parer à toutes ces dérives dans le web et citées plus haut. Comme dans plusieurs autres pays qui ont pris les devants, notre pays ne doit pas négliger ces tares. Déjà dans son dernier avis daté du 25 février 2025, le Cnra notait « La tendance, depuis quelques années, est la diffusion, pendant le mois béni du ramadan, dans les médias audiovisuels, de contenus stigmatisants, déshonorants, dévalorisants ou injurieux à l’endroit de certaines communautés ou ethnies ».

Et selon les Cahiers des charges des médias audiovisuels, quel que soit le support de diffusion, il leur est interdit la diffusion de contenus de nature à « constituer une menace sur la stabilité nationale et la cohésion sociale », « inciter à l’intolérance, à la stigmatisation, à l’exclusion et à la marginalisation », moins encore « entraîner ou provoquer une confrontation entre les religions, les confréries ou les communautés ». Toutes ces dérives qui font florès actuellement dans le marécage des Réseaux sociaux au Sénégal

Source : Le Soleil

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