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Marèma Touré Thiam : “Le retrait des Etats-Unis de l’UNESCO n’est pas surprenant”

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Le retrait des Etats-Unis de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture “n’est pas surprenant”, le pays dirigé par Donald Trump se sentant toujours à l’étroit partout où il ne peut dicter le tempo, a réagi l’ancienne directrice du département des sciences sociales et humaines (SHS) au Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest, Marèma Touré.

“Les Etats-Unis se sentent à l’étroit à l’UNESCO parce que les Etats-Unis se sentent à l’étroit partout où ils ne peuvent pas dicter le tempo”, a-t-elle déclaré à l’APS.

“Ce [retrait des USA de l’UNESCO] n’est pas surprenant. Ce n’est pas la première fois que cela se fait. Ils s’étaient retirés en 2017, et avant, en 1989, du temps de Amadou Mahtar Mbow et le NOMIC [Nouvel ordre mondial pour l’information et la communication]. Les Etats-Unis se sentent à l’étroit à l’UNESCO”, a analysé Mme Thiam dans un entretien téléphonique.

Le jour où les Etats-Unis resteront définitivement à l’UNESCO, “cela [voudra] dire qu’ils auront obtenu quelque chose que nous tous redoutons ou ne souhaitons pas”. Or, fait-elle valoir, “l’UNESCO est une organisation, un des derniers mohicans, un des derniers retranchements du multilatéralisme dans l’architecture onusienne”.

“Ce n’est qu’à l’UNESCO et un peu à la FAO [l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture] que les Etats-membres ont encore une voix. Les Etats-membres, au moins du point de vue formel, sont en train de voter et de désigner le leadership qui est chargé de la gouvernance de l’institution”, signale l’ancienne directrice du département sciences sociales et humaines (SHS) au Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest.

“Ils [les Etats-Unis] partent et reviennent parce qu’ils veulent contrôler ce qui se fait à l’UNESCO. Parce que c’est clair dans la déclaration qu’ils ont faite, ils ne veulent pas que l’UNESCO soutienne la Palestine. Ils ne veulent pas que l’UNESCO accepte la Palestine. Ils ne veulent pas que l’UNESCO, au moins du bout des lèvres, condamne ce qui vient de se passer avec Israël. Evidemment, ils ne veulent pas que l’UNESCO condamne ce qui s’est passé avec les Etats-Unis et ce qu’ils viennent de faire en Palestine et en Iran”, a insisté Mme Thiam.

De son point de vue, “l’UNESCO ne condamne pas suffisamment ce génocide en Palestine”.

“Il se passe maintenant qu’il y a des violations des droits humains, qu’il y a des assassinats explicites, clairs, qu’il y a un génocide qui s’organise aujourd’hui en Palestine. Et je crois que toutes les structures qui sont plus ou moins soucieuses des droits humains, qui sont plus ou moins soucieuses de la culture, qui sont plus ou moins inscrites dans le multilatéralisme, doivent dire que ce n’est pas normal […]”, indique-t-elle.

Elle ajoute : “L’UNESCO ne le dit même pas suffisamment, de la façon dont personnellement, moi, Marèma Touré, citoyen lambda du tiers-monde, j’aurais voulu que l’UNESCO le dise”.

Selon Mme Thiam, ce retrait des Etats-Unis ne devrait pas “affaiblir” l’agence onusienne, si cette dernière fait preuve de résilience, sans compter que son expérience avec les USA doit lui avoir appris de ne pas compter sur les fonds de ce pays, en raison d’une différence d’orientation.

Elle rappelle que la mission confiée à l’UNESCO “est une mission de culture, d’éducation, [de promotion] des sciences, une mission au service de l’humain, de la paix et d’un ordre mondial de la communication juste”. Les États-Unis, juge-t-elle, “ne sont pas dans cette orientation”.

“Moi-même, j’étais en train de dire quand ils sont revenus et qu’ils ont mis des ressources, qu’on ne devait pas mettre ces ressources-là dans le programme régulier de l’UNESCO”, a soutenu Marèma Touré Thiam, pour qui le départ des Etats-Unis “est un bon signe”.

Aussi invite-t-elle les Etats membres à avancer pour continuer à ancrer davantage l’UNESCO dans sa vocation consistant à “travailler pour la paix”.

“Bon vent à eux. Parce qu’ils ne seront plus de l’intérieur pour mettre les bâtons dans les roues. Parce qu’ils ne seront plus de l’intérieur pour influencer la décision. Parce qu’ils ne seront plus de l’intérieur pour dire qu’ils ont mis quelques subsides. C’est ça que vous devez faire”, a-t-elle conclu en parlant des Etats-Unis.

Marèma Touré Thiam fait partie d’un groupe d’intellectuels africains militant pour une grande prise en compte de la voix de l’Afrique dans les instances internationales dont l’UNESCO qui se doter d’un nouveau Conseil exécutif en novembre prochain.

Source : APS

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