Un ex-représentant du ministère public à la Cour d’appel de Fès comparaîtra, en fin du mois courant, devant la chambre criminelle chargée des crimes financiers à Rabat pour une série d’accusations explosives : corruption, exploitation de l’influence, escroquerie, harcèlement sexuel et diffusion d’allégations mensongères.
Un ex-représentant du ministère public à la Cour d’appel de Fès, longtemps craint et respecté, se retrouvera, lundi 29 décembre 2025, pour une première audience, devant les magistrats de la chambre criminelle chargée des crimes financiers auprès de la Cour d’appel de Rabat. Suspendu de ses fonctions et soumis au contrôle judiciaire, il devra se retrouver face à face avec ses victimes et aux conclusions des investigations policières et des analyses téléphoniques et graphologiques qui ont confirmé qu’il est bel et bien le rédacteur des messages et des lettres calomnieux destinés à salir des magistrats, des élus et d’autres figures locales. Des mots envoyés jusqu’en Italie, vers un propriétaire de site électronique déjà connu pour ses attaques à l’ égard des institutions marocaines. Mais, l’affaire a pris une autre tournure encore lorsqu’un homme d’affaires de Fès, l’un des plaignants, a décidé de briser le silence. Dans sa plainte, ce dernier a raconté comment l’ex-magistrat avait transformé sa vie en une spirale de peur et de dépendance. De faux dossiers, fabriqués avec précision, venaient le menacer à intervalles réguliers. En échange, le magistrat exigeait des versements, des services et parfois des faveurs plus troubles encore. La confiance, une fois offerte était devenue une arme contre lui. Il a affirmé que durant sa détention dans une banale affaire de chèque sans provision, une affaire qu’il disait montée de toutes pièces, le magistrat avait tenté de harceler son épouse. La femme, simplement venue réclamer une dette de 100 mille dirhams liée à l’achat de fer pour construire la villa du magistrat à Ain Chkef, à Fès, s’était retrouvée dans son bureau, derrière une porte close, face à une tentative de harcèlement. Il a tenté de l’embrasser. Le récit de cet homme d’affaires se prolongeait, glissant vers des scènes presque cinématographiques.
Des soirées arrosées à Fès, à Imouzzer Kandar ou dans la villa du magistrat, où l’homme d’affaires, en cavale discrète, changeait de voiture entre la sienne et celle du magistrat qui lui promettait d’intervenir en sa faveur. L’homme d’affaires payait les additions, achetait la tranquillité et espérait la protection. Il a ajouté que l’ex-magistrat lui a également demandé d’acheter une voiture, non pas pour lui, mais pour soudoyer le juge dans une affaire de drogue visant son frère. Il lui a acheté effectivement une Volkswagen à 260 mille dirhams.
L’enquête policière a avancé sur plusieurs fronts. Un autre homme d’affaires avait déjà filmé une rencontre, dans un café près de l’autoroute Fès-Rabat, avant de déposer sa propre plainte. Celui-ci a affirmé dans sa plainte qu’il lui a remis un pot-de-vin de 500 mille dirhams pour classer une affaire. Seulement, le magistrat ne croyait pas que le plaignant avait enregistré la scène pour qu’elle soit une pièce à conviction contre le suspect. Une autre femme, épouse d’un mis en cause, affirmait avoir été harcelée elle aussi.
Sous contrôle judiciaire depuis septembre dernier, interdit de quitter le pays, obligé de pointer devant les autorités, l’ancien magistrat reste en liberté provisoire. Mais le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire n’avait pas attendu : sa suspension avait été immédiate.
Après deux mois d’instruction, la conclusion est tombée. Les accusations sont accablantes : corruption, abus d’influence, escroquerie, harcèlement sexuel et diffusion d’allégations mensongères.
Source: Aujourd’hui (Maroc)
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