La presse sénégalaise traverse une période critique, marquée par une précarité grandissante. Confrontés à des difficultés financières chroniques, de nombreux organes de presse luttent pour survivre dans un environnement économique hostile. Loin d’être un simple revers conjoncturel, cette crise est aggravée par le désengagement progressif de l’État, qui ne tient plus ses promesses d’aide financière, abandonnant ainsi un secteur vital à son sort.
Ce désintérêt survient paradoxalement à un moment où l’action gouvernementale, dans plusieurs domaines tel l’économie, la politique sociale, la gouvernance, gagnerait à être mieux expliquée, mieux relayée, mieux comprise. Or, la communication officielle demeure largement inefficace, rigide, hors-sol. Trop descendante, souvent technocratique, elle échoue à capter l’attention des citoyens et à susciter leur adhésion.
Résultat : une double fracture. D’un côté, une presse affaiblie, sans moyens ni souffle pour jouer pleinement son rôle de médiation, d’analyse et de veille démocratique. De l’autre, un pouvoir public coupé de l’opinion, incapable de faire passer ses messages de manière audible et crédible. Cette rupture fragilise autant la démocratie que l’action de l’État.
Il devient alors impératif que les pouvoirs publics reconsidèrent leur rapport aux médias. Non par philanthropie, mais parce qu’une presse libre, viable et soutenue est un levier essentiel pour consolider la démocratie, garantir une information de qualité et restaurer la confiance entre gouvernés et gouvernants.
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