Intox, rumeur ou vérité ? Le prétendu conflit en train de saper les liens de complicité entre le président de la République et le Premier ministre fait jaser depuis quelque temps. Beaucoup de Sénégalais pensaient que le passage du Premier ministre devant les députés de l’Assemblée nationale, le vendredi 29 novembre 2025, allait dissiper complètement le doute qui plane, concernant une mésentente entre les deux premières personnalités publiques du pays. Ce qui n’a pas été le cas, malheureusement, si l’on s’intéresse à la trame de fond des déclarations du Premier ministre. En tout cas, la jeunesse sonne l’alerte !
Dès le départ, la jeunesse, qui a voté massivement pour le duo Diomaye-Sonko à la dernière présidentielle, accorde une grande confiance à ces deux personnalités sur lesquelles les jeunes fondent beaucoup d’espoir pour la réalisation du projet de transformation du Sénégal. Que pensent-ils alors de la lézarde constatée en ce qui concerne la complicité entre le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ?
Christophe Djabalan, président du Mouvement des jeunes du quartier Sam-Sam à la Sicap Mbao : «Ils n’ont pas encore répondu à nos attentes»
Vêtu d’un maillot et prêt à aller jouer un match de football, Christophe Djabalan, coordinateur du mouvement des jeunes du quartier Sam-Sam de Sicap Mbao, nous a accordé un peu de son temps. Il déclare : « Nous avions confiance en ce nouveau régime en tant que jeunes patriotes. On avait vraiment espoir, surtout au niveau de l’emploi des jeunes, mais nous voilà toujours en attente. Ce qu’on voit maintenant n’est pas rassurant ».
Toujours, selon Christophe, on ne doit pas « parler de trahison » même si, explique-t-il : « Ils n’ont pas encore répondu à nos attentes ». Concernant le prétendu différend entre les deux responsables au sommet de l’Etat, Christophe déclare : « On croyait qu’une fois au pouvoir, ils vont rester ensemble, trouver des solutions et gouverner en paix».
Profitant de l’occasion, il lance un appel aux autorités pour qu’elles donnent à la jeunesse plus d’espaces de jeux et de loisirs pour leur épanouissement.
Alpha Ndène du quartier Sam-Sam de la Sicap Mbao : « … ils sont appelés à travailler ensemble pour combler nos attentes »
Alpha Ndène du quartier Sam-Sam de la Sicap Mbao ne cache pas son inquiétude : « Nous sommes tous inquiets en ce moment et nous avons le plein droit d’avoir peur parce qu’ils sont appelés à travailler ensemble pour combler nos attentes ». Pour lui : « Tout Sénégalais doit souhaiter cette entente ».
Dans cet élan, Alpha précise : «Je ne magnifie pas vraiment le fait que certains patriotes manquent de respect au président de la République. Quoiqu’il arrive, il est notre président et en tant que tel on doit le respecter. Ce respect est valable pour le Premier ministre ».
Il conclut en rappelant que beaucoup de Sénégalais enflent les rumeurs. C’est pourquoi, rappelle-t-il, « les autorités doivent savoir gérer certains détails entre eux et en toute discrétion. Le plus important, selon lui, est de travailler, d’apporter des solutions et de faire focus sur la vie chère et l’emploi des jeunes ».
Yacine, mère de famille à la Sicap Mbao : « Il faut que les autorités qui dirigent ce pays se consacrent à l’essentiel … »
Yacine, mère de famille, déclare : « Il faut que les autorités qui dirigent ce pays se consacrent à l’essentiel pour répondre aux besoins des populations. En ce moment, la vie est tellement dure envers ceux qui gèrent une famille, surtout les hommes. Ils font de leur mieux pour nous satisfaire, mais tout est chère, notamment la nourriture, la scolarité des enfants et le paiement du loyer à la fin de chaque mois ».
Profitant de l’occasion que lui offre Sen-Quotidien, elle dénonce : « Notre poste de santé est tout près, mais il n’y a pas de matériel. Nous sommes obligés d’aller ailleurs dans hôpitaux. Pour cela, il faut avoir les moyens de transport. Souvent, il faut appeler un taxi. C’est difficile pour nous, les femmes. En plus, c’est même risqué ». Pour finir, elle lance un appel aux autorités en ces termes : « Il faut qu’on nous aide, c’est vraiment compliqué pour nous !».
Mohamed, charretier à Guédiawaye: « Ce duo est appelé à réussir sa mission de transformation du Sénégal »
Mouhamed, un charretier de Guédiawaye qui affiche fièrement la photo du duo Diomaye et Sonko sur son véhicule hippomobile, interpelle Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Diakahar Faye en des termes assez directs pour ne souffrir d’aucune équivoque : « Les attentes sont trop grandes et les Sénégalais, surtout les jeunes, attendent beaucoup de ce duo appelé à réussir sa mission de transformation du Sénégal ». De quelle transformation parle-t-il ? En réponse, il nous fait voir les écriteaux sur l’une des faces de la charrette : « Jubbal-Jubbal-Jubbanti ». Son message est assez évocateur et son engagement derrière le duo Diomaye-Sonko l’est autant. C’est sans commentaire !
Diariétou Ba, vendeuse ambulante : « S’ils ne s’entendent pas, ils feront l’affaire de Macky et ses souteneurs qui sont toujours à l’affût. «
Pour la demoiselle Diariétou Ba, vendeuse ambulante trouvée en train de déambuler aux alentours du marché Syndicat de Pikine, avec son plateau de tranches de pastèques sur la tête : « Ça fait peur d’entendre parler d’une supposée mésentente entre les deux plus hautes personnalités du Sénégal. Si ce sont de simples rumeurs, tant mieux parce que je ne souhaite jamais les voir se séparer. Ce serait un échec pour la jeunesse et nos pères et mères auront en ce moment bien des choses à dire. Nous les jeunes, et surtout les jeunes femmes comme moi, vivant de la débrouille au quotidien, nous avons tellement espoir, mais aussi hâte de voir nos conditions s’améliorer grâce au changement attendu dans la gestion des affaires publiques du pays. C’est pourquoi, nous ne pouvons tolérer qu’on nous fasse encore attendre de voir le changement promis parce qu’un différend entre le président de la République et le Premier ministre entrave la bonne marche des affaires du pays. S’ils ne s’entendent pas, ils feront l’affaire de Macky et ses souteneurs qui sont toujours à l’affût ».
La jeune T.D. étudiante : « On dirait qu’ils ne sont pas au courant des problèmes des Sénégalais… »
Pour T.D qui préfère garder ses initiales pour des raisons personnelles : « On dirait que le président de la République et le Premier ministre ne sont pas au courant des problèmes des Sénégalais qui sont si ardus qu’il n’y a pas de place à une querelle autour du fauteuil présidentiel ». Et pour T.D. : Il faut appeler les choses par leurs noms. Il suffit d’une querelle concernant le fauteuil présidentiel, l’un pensant le mériter plus que l’autre qui peut se prévaloir aujourd’hui d’une légitimité populaire en termes de votes des Sénégalais. Moi, personnellement, je m’attendais à ce genre de conflits puisque le pouvoir ne se partage pas. On parle de fauteuil présidentiel et non d’un canapé présidentiel. Ce qui veut dire que c’est pour une seule personne ». Evoquant l’Histoire politique du continent qu’elle connaît bien puisque c’est sa spécialité, elle déclare : « L’Histoire nous enseigne beaucoup de cas d’un duo fracassé par les intérêts personnels. Et Dieu nous en préserve, cela finit toujours mal si ce manifeste un choc des ambitions au sommet de l’Etat. » Puisque, comme on nous a vendu cette idée pendant la campagne électorale, à savoir Sonko mooy Diomaye, cette logique qui a prévalu jusque-là pour mobiliser les Sénégalais afin d’élire l’actuel président de la République doit être maintenue jusqu’à la fin de ce mandat. On ne joue pas avec un Etat », avertit-elle.
Mame Coumba Faye
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