Dans une Assemblée nationale souvent accusée de suivre docilement la ligne gouvernementale, la voix du député libéral Tafsir Thioye s’est élevée dernièrement avec fermeté. Refusant de voter les nouvelles mesures fiscales le 18 septembre passé visant les ménages, les commerces, les services et même les transferts d’argent entre citoyens, il s’est positionné comme l’un des rares élus à rappeler à l’exécutif ses obligations de clarté et de cohérence.
Selon le parlementaire, il est inconcevable que l’on impose davantage de charges à un peuple déjà éprouvé par l’inflation, sans que les bases d’un plan de redressement économique maintes fois annoncé depuis l’arrivée du gouvernement en 2024 ne soient posées. Le dernier en date, présenté comme un cadre de stabilisation et de relance, n’a toujours pas été soumis aux députés. Pourtant, ce sont ces mêmes parlementaires que l’on sollicite aujourd’hui pour voter des lois fiscales censées alimenter un plan qui demeure, à ce jour, un simple projet sur papier.
La position de l’honorable député Tafsir Thioye révèle un malaise plus profond : celui d’une gouvernance marquée par la multiplication de programmes et de promesses, mais rarement suivis de réalisations concrètes. Comment demander aux citoyens de consentir à un nouvel effort fiscal, quand ils ne voient ni les fruits des sacrifices précédents, ni la transparence sur l’utilisation des ressources publiques ?
En choisissant de dire « non », le député libéral interpelle non seulement le gouvernement, mais aussi ses collègues parlementaires : leur rôle ne se limite pas à valider mécaniquement des textes. Il leur incombe de garantir que chaque décision législative repose sur des fondements solides, sur une vision claire et sur des engagements tenus.
Cet acte de résistance parlementaire, loin d’être un simple geste politique, pose un débat de fond sur la crédibilité des politiques économiques. Les Sénégalais attendent moins de nouveaux impôts que de la stabilité, de la transparence et des résultats tangibles.
L’honorable Tafsir Thioye a peut-être ouvert une brèche. Reste à savoir si d’autres députés auront le courage de s’y engouffrer, pour faire prévaloir l’intérêt national sur la logique partisane et les injonctions d’un exécutif en quête de légitimité économique.
A.A.N
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