Le Sénégal franchit une nouvelle étape dans sa transition écologique. Dans le cadre de sa coopération avec la Banque mondiale, le pays bénéficie d’une assistance technique de deux millions de dollars américains à travers le Partenariat pour la Mise en œuvre du Marché (PMI). Objectif : poser les bases d’une tarification carbone efficace et socialement acceptée.

Pour accompagner cette ambition, un atelier national de validation de la Stratégie de Mobilisation des Parties Prenantes (SMPP) sur la taxe carbone et l’article 6 de l’Accord de Paris s’est tenu à Dakar sous la présidence de M. Idy Niang, conseiller technique au ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, représentant le ministre.
L’atelier a réuni un large panel d’acteurs issus de l’administration publique, du secteur privé, des industries, des organisations de la société civile et des partenaires techniques. « Ce n’est pas seulement l’affaire d’un secteur. Il faut impliquer tout le monde. C’est une stratégie transversale qui nécessite un large consensus », a déclaré M. Niang, insistant sur l’importance de l’adhésion collective pour assurer l’acceptabilité et l’efficacité de la taxe carbone.
Le consortium Adelphi/CRES, mandaté pour accompagner ce processus, a présenté un rapport provisoire de la stratégie. Ce document identifie les mécanismes à mettre en place pour mobiliser les parties prenantes et garantir un cadre favorable à l’opérationnalisation de la taxe carbone et à l’accès du Sénégal aux marchés carbone internationaux.
L’étude pilote s’est concentrée sur trois secteurs à forte intensité carbone :
- l’énergie,
- la production d’électricité,
- et l’industrie cimentière.
Ces secteurs, bien qu’engagés dans la réduction des émissions, demeurent parmi les plus polluants du pays. L’idée est de les accompagner dans une transition progressive vers des pratiques plus durables, tout en instaurant une fiscalité verte incitative.
Si l’étude est validée à l’issue de cet atelier, elle servira de base à l’élaboration d’un cadre juridique et réglementaire pour l’application effective de la taxe carbone. Le ministère des Finances et celui de l’Économie seront alors mis à contribution pour affiner les mécanismes fiscaux, en collaboration avec les experts de l’environnement.
« L’enjeu maintenant est d’aller vers l’adoption d’une loi par l’Assemblée nationale. Mais avant cela, il faut disposer d’une stratégie claire, structurée et consensuelle », a souligné Idy Niang.
La taxe carbone, couplée aux mécanismes de l’article 6 de l’Accord de Paris, vise non seulement à réguler les émissions, mais aussi à créer un environnement favorable à l’innovation et à l’investissement dans les solutions bas carbone. Elle pourrait également générer de nouvelles sources de financement pour le développement durable.
Les résultats attendus de cet atelier incluent le partage du rapport provisoire, la collecte des avis et recommandations des participants, et surtout, la validation officielle de la stratégie. Cette étape conditionnera les phases ultérieures de la mise en œuvre, notamment le travail interinstitutionnel entre les ministères de l’Environnement, de l’Économie et des Finances.
Le Sénégal entend ainsi se doter d’un outil crédible pour tenir ses engagements climatiques tout en préparant son tissu économique aux mutations environnementales mondiales.
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