Des acteurs communautaires de plusieurs quartiers de Pikine et Guédiawaye, deux départements de la banlieue dakaroise, appellent les pouvoirs publics, en collaboration avec les collectivités territoriales, à davantage améliorer l’aménagement des bassins de rétention des eaux pluviales.
Ces ouvrages sont destinés à collecter et stocker les eaux pluviales afin de prévenir les inondations et, dans certains cas, les utiliser pour l’irrigation. ils ont été construits par le gouvernement après les inondations qui avaient fortement touché Dakar, notamment sa banlieue, en 2005.
Interrogés par l’APS, ces acteurs estiment qu’un meilleur aménagement de ces infrastructures est essentiel pour lutter contre les inondations, mais aussi pour assurer une durabilité dans leur préservation. Ils mettent également en avant les risques qu’elles représentent pour les enfants, notamment les dangers de noyade et la présence de reptiles.
À l’approche de l’hivernage, de nombreux bassins de rétention à Pikine et Guédiawaye présentent un environnement dégradé : typhas, déchets ménagers, pierres, bois, ferrailles jonchent les abords, rendant le paysage peu reluisant.
Ces zones sont souvent transformées en gares improvisées par des camionneurs et conducteurs d’engins, ou occupées par des mécaniciens. Elles servent aussi de pâturages pour les animaux errants.
En cette période de vacances scolaires, des enfants viennent également y jouer, malgré les risques. Une situation jugée préoccupante par plusieurs riverains, qui alertent sur le danger permanent que représentent ces ouvrages mal entretenus.

Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, a récemment lancé les opérations pré-hivernales communautaires. Ces opérations visent à mobiliser les acteurs communautaires dans la recherche de solutions aux problèmes des inondations.
Auparavant, il a lancé, le 29 avril dernier, les opérations pré-hivernales techniques et visité plusieurs ouvrages de lutte contre les inondations à travers la capitale et sa banlieue.
Actuellement, dans plusieurs quartiers des communes de Pikine et Guédiawaye, notamment Djidah Thiaroye Kao, Tivaouane Diacksao et Médina Gounass, les riverains des bassins de rétention des eaux pluviales se plaignent de l’insécurité qui prévaut autour de ces ouvrages. Aussi en appellent-ils à l’aide des pouvoirs publics et des collectivités territoriales concernées.

Mamadou Basse, délégué du quartier Diamaguène 2, dans la commune de Tivaouane Diacksao, alerte sur le danger que constituent de nombreux bassins de rétention dont certains pans de murs de clôture se sont affaissés.
‘’Il faut le dire clairement. Ici, à chaque hivernage, il y a des inondations. Nos bassins ne sont toujours pas écrêtés. En plus, il y a une absence totale de sécurité. Des animaux à la recherche de nourriture, des enfants jouent aux abords, et des mécaniciens sont venus s’installer le long des murs. Tout cela constitue des risques’’, dénonce-t-il.
A la mairie de Tivaouane Diacksao, les interpellations de ces communautés ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd.
Cependant, une meilleure gestion de ces bassins bute encore sur des problèmes techniques, indique-t-on.
‘’Les populations nous interpellent au quotidien sur ces bassins de rétention. Il est question d’aménagement, de maintien et d’entretien de ces ouvrages. Et faute d’aménagement, des mécaniciens sont venus s’y installer en toute illégalité’’, déplore Cheikh Sarr, directeur des services techniques à la mairie de Tivaouane Diacksao.
Lors des premières pluies de l’hivernage de cette année, beaucoup de caniveaux étaient bouchés, l’eau ne ruisselait pas et cela a causé des problèmes, a-t-il relevé.
‘’Pour mieux surveiller les inondations, notre mairie a acquis du matériel pour veiller sur les points bas. Dès qu’il y a pluie, nous drainons les eaux vers les canalisations. La Ville de Pikine est en train de curer les caniveaux et nous l’accompagnons’’, a encore fait savoir M. Sarr.
Dans le souci de mieux gérer ces ouvrages, signale-t-il, la mairie de Tivaouane Diacksao et l’APIX, Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux, ont aussi créé des comités de gestion des inondations.
Les efforts de l’Etat magnifiés
Même si de nombreux acteurs engagés dans la lutte contre les inondations reconnaissent les efforts de l’Etat sénégalais et de ses partenaires, ils n’en constatent pas moins un manque d’aménagement et d’entretien de ces ouvrages pour garantir leur préservation durable.
‘’Cette année encore, nous préparons très activement l’arrivée de l’hivernage, avec l’appui de partenaires qui nous encadrent dans les meilleures méthodes à [adopter] et les dispositions utiles en cas de fortes pluies’’, explique Hamidou Diallo, président régional des associations des délégués de quartier.

Il déplore le manque d’ouvrages de drainage des eaux de pluie, mais aussi des eaux usées vers la mer, alors que la région de Dakar est une presqu’île.
Le délégué de quartier reconnaît toutefois les efforts déployés par l’Etat pour réduire les risques d’inondation et l’amélioration du système d’assainissement. Selon lui, en période d’inondation, le Gouvernement met à la disposition des impactés du matériel de pompage des eaux.
‘’Disons que les bassins constituent une véritable aubaine. Oui, il faut le dire parce que tout le monde sait que les quartiers tout autour de ces bassins sont des zones inondables, mais grâce à ces bassins, le spectre des inondations a été résolu. Il faut aussi le dire, de gros efforts ont été consentis’’, reconnait, pour sa part, Paul Marie Bakhoum, agent communautaire dans la commune de Djidah Thiaroye Kao.

Selon lui, pour une meilleure efficience de ces bassins, il faudrait les ‘’ faucarder, écrêter’’, en vue de faciliter le ruissellement des eaux pluviales et dégager les typhas qui étaient sources de maladies pour les populations riveraines.
Il rappelle que la mairie a déroulé des opérations de faucardage l’année dernière. ‘’Ça a soulagé les populations. C’était une demande sociale’’, a-t-il martelé.
Il préconise une présence régulière de l’ONAS (Office national de l’assainissement du Sénégal) sur le terrain.
‘’On demande aux services de l’ONAS de nous aider à faucarder nos bassins’’, lance M. Bakhoum, également agent municipal à la mairie de Djidah Thiaroye Kao.
Mais, les communes, les autorités municipales et les organisations communautaires de base et d’autres acteurs ont choisi de ne pas tout attendre de l’Etat, en s’organisant pour préserver de façon durable ces ouvrages.
‘’Notre mairie, pour mieux préserver et assurer la sécurité de ces ouvrages, a mis en place une brigade de l’environnement chargée de surveiller ces bassins. La brigade de l’environnement, la communauté, les riverains se sont engagés à veiller à la sécurité et à la sauvegarde de ces bassins’’, explique M. Bakhoum.
Assane Gaye, délégué du quartier ‘’Sant Yalla’’, dans la commune de Djidah Thiaroye Kao, dit mener, de concert avec les populations, des campagnes de sensibilisation pour une meilleure gestion de ces bassins.
Selon lui, c’est dans cette optique que les différents acteurs de son quartier ont mis en place le comté local d’initiative pour la gestion des eaux pluviales (COLIGEP) dont il est le responsable.
‘’Nous avons un problème. Il y a des camions, des engins garés le long des clôtures des bassins et de manière anarchique [et] en toute illégalité. Ça pose de sérieux problèmes. Ça crée une insécurité dans le quartier, surtout la nuit. Nous demandons aux autorités de nous aider à davantage sécuriser ces zones”, déclare-t-il.
Il déplore aussi le mauvais comportement des riverains de ces bassins qui y jettent des ordures ménagères. ‘’ Face aux mauvais comportements des populations qui jettent dans ces bassins leurs ordures ménagères, nous avons initié des campagnes de sensibilisation pour une meilleure gestion de ces bassins. Mais sans succès’’, se désole-t-il.
‘’Nous pensons qu’il faut sanctionner ceux-là qui jettent des ordures ou détruisent ces ouvrages publics’’, ajoute le délégué du quartier de ‘’Sant Yalla’’.
Source : APS
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