C’est une tirade d’une minute qui glace le sang pour l’éternité. Parmi les multitudes de déclarations chocs de Donald Trump, il y a des singularités qui constellent la sidération. « Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec », a déclaré le président américain mardi lors d’une conférence de presse au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. « Ce n’est pas une décision prise à la légère », précise-t-il. Cette déclaration aura-t-elle le poids de précédentes historiques pour rester figée dans l’Histoire ?
On se souvient de la « Nakba », ce déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création d’Israël en 1948. On se rappelle également de la déclaration Balfour de 1917, qui fut une étape clé dans la création de l’État d’Israël. Les générations futures se souviendront-elles de la déclaration de la Maison-Blanche du 4 février 2025, signée Donald Trump ? Rien n’est moins sûr.
En attendant que l’histoire tranche, Trump doit être pris au sérieux puisqu’il dirige l’une des trois plus grandes puissances mondiales. Ces dernières semaines, il nous avait déjà habitués à des déclarations fracassantes (concernant le Canada, le canal de Suez, entre autres). Mais son idée de transformer Gaza en une « Côte d’Azur du Moyen-Orient » sous protectorat américain dévoile une facette – ou pourquoi pas une facétie – d’un personnage qui pourrait sembler tout droit sorti d’un polar, si ce n’était son siège au Bureau ovale de la Maison-Blanche.
Fenêtre d’Overton
Pour imposer une idée dans l’esprit de l’opinion internationale, Trump use souvent d’une stratégie bien rodée : il commence par l’exagération avant de revenir à une proposition « plus raisonnable », qui serait pourtant jugée irrationnelle dans d’autres circonstances. Cette tactique s’inscrit dans le principe de la fenêtre d’Overton, ou le champ de l’acceptable en politique. C’est un peu comme demander une bouteille d’eau gratuite dans une boutique de Sandaga pour finalement repartir avec un verre d’eau offert. Autrement dit, demander 100 % pour obtenir 30 %. Demander énormément pour avoir beaucoup, cela s’appelle des négociations. Et Trump, il connaît en tant qu’ancien promoteur immobilier et magnat des affaires.
Mais sur une question aussi cruciale que celle de Gaza, qui pourrait conduire à la disparition de l’État de Palestine, le 47ᵉ président des États-Unis devra affronter le droit international, qu’il méprise souvent, et mobiliser des moyens militaires et financiers colossaux. Tout cela va à l’encontre de ses promesses de campagne basées sur « America First ».
Sa déclaration est une bascule. En créant une nouvelle manière de faire de la politique, Trump apparaît désormais sans véritable contrepouvoir dans un monde où continue de souffler l’effet de son blast. Une bombe géopolitique. Inacceptable.
Source : Le Soleil
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