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Festival culturel noon : Un pont entre tradition et modernité (1/3)

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La communauté noon a organisé la quatrième édition du Festival culturel noon (Fescun). Ce rendez-vous biennal, qui s’est déroulé cette année du 16 au 18 mai 2025, a connu deux innovations majeures : sa délocalisation de la Place de France (Thiès), où il se tenait habituellement, vers le village de Lalane, en plein cœur de la zone Saawii, et la tenue d’un forum d’échanges pour cette édition.

THIES – Dans le cadre de la quatrième édition du Festival culturel Noon (Fescun), qui s’est tenue du 16 au 18 mai, la communauté sérère Noon s’est rassemblée dans le village de Lalane, situé sur la route de Tivaouane, en périphérie de la commune de Fandène. Durant ces trois jours, un riche programme d’activités a été déroulé : expositions, manifestations culturelles avec la danse du « Mbilim», carnavals, chants, danses, sketchs, ainsi que des échanges sur la place des jeunes dans la préservation et la promotion du patrimoine noon. Une séance de dégustation de l’art culinaire noon a attiré l’attention avec des plats locaux comme le Niéling, du couscous à la grand-mère, assaisonné de sauces à base de feuilles.

La cérémonie de lancement a enregistré la présence de plusieurs personnalités politiques et coutumières. Ce fut l’occasion pour la communauté d’affirmer son leadership humain dans l’administration sénégalaise, à travers la présentation de cadres et autres responsables issus de la communauté noon, tels que des généraux, d’anciens ministres ou députés. Cela s’est manifesté par la présence remarquable de certaines personnalités politiques noon, comme l’ancien ministre et maire de Fandène, Augustin Tine, fidèle soutien du Fescun depuis 2016.

Cette édition a également été marquée par la participation remarquée de la benjamine de l’Assemblée nationale, la députée Anne-Marie Yacine Tine. D’autres personnalités issues de la communauté noon, telles que le ministre de l’Intérieur, le Général Jean-Baptiste Tine, étaient annoncées à la cérémonie.

La première participation de la députée a été fortement appréciée par les organisateurs du Fescun, qui y voient un signe que les Noon, quel que soit leur statut ou position de pouvoir, restent profondément attachés à leur communauté.

Introduction de la langue noon dans le système éducatif

Le Fescun a été une tribune pour le comité d’organisation de lancer un appel en faveur d’un engagement plus fort pour les causes de la communauté Noon, notamment la réalisation de projets structurants.

Le président du comité, François Bagne Ndione, a souligné la nécessité de réorganiser non pas la communauté sur le territoire national, mais sa diaspora, qui commence à investir de manière significative.

Il a déploré le manque de communication entre la diaspora et le festival, estimant que cet aspect devait être amélioré afin de permettre une organisation encore plus inclusive et efficace lors des prochaines éditions. Il a également annoncé que le Fescun avait retenu l’idée de lancer un projet de création d’un écomusée : un espace dédié à la conservation et à l’exposition des éléments culturels symboliques et identitaires de la communauté noon. Pour lui, cet écomusée facilitera le retour aux sources pour les jeunes qui ne connaissent pas toujours leur culture ni leur histoire.

Lire aussi : Un peuple de résistants très soudés (2/3)

Un autre chantier majeur du Fescun concerne l’introduction de la langue noon dans l’enseignement formel. Pour porter ce combat en faveur de ce patrimoine culturel, le Fescun mise sur un leadership fort afin de faire accepter le noon, au même titre que les autres langues nationales déjà introduites dans le système éducatif. Le noon est la 10e langue nationale codifiée depuis 2001. Anthropologue et linguiste, François Bagne Ndione s’est beaucoup investi pour que la codification de la langue Noon soit réalisée à Thiès, contrairement aux autres langues nationales qui l’ont été à Dakar. Il a justifié ce choix par la volonté de rapprocher ce processus des populations concernées. C’est ainsi qu’en 2001, la langue noon a été codifiée à Thiès.

Une école préscolaire bilingue

Partant de cette dynamique, François Bagne Ndione avait lancé des projets de traduction de la Bible en langue noon. En 2007, il a institué une école bilingue préscolaire noon-français à Fandène. Il se dit fier de constater que les enfants y apprennent correctement le noon à travers des outils pédagogiques qu’il a lui-même conçus. Cette initiative a été récompensée, en 2018, lorsque l’État du Sénégal avait décidé d’organiser la Journée internationale de la langue maternelle à Fandène, en hommage à l’école préscolaire «Babel», première expérience d’enseignement en langue noon. Aujourd’hui, cette école est bien connue dans cette communauté. Son promoteur souhaite aller encore plus loin, estimant que les langues nationales doivent être davantage valorisées dans le système éducatif. Il reconnaît que l’État a fait des avancées significatives, ce qui motive les acteurs de la promotion des langues nationales.

Pour lui, si le français reste la langue de l’enseignement des connaissances, les langues nationales doivent être associées dès les premières années. Le noon mérite, selon lui, d’être pleinement intégré dans ce processus, d’autant plus que tous les outils pédagogiques nécessaires ont déjà été développés.

Dans ce combat, le Fescun peut compter sur le soutien de la jeune députée Anne-Marie Yacine Tine. Celle-ci s’est dite heureuse d’avoir participé aux manifestations de sa communauté et fière d’avoir pris part au festival culturel. Elle a salué l’ensemble de la communauté, rendant hommage au maire de Fandène et aux chefs de village.

Source : Le Soleil

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