Home Economie A Bapalel, une ferme communautaire en attente d’investissements plus importants
Economie

A Bapalel, une ferme communautaire en attente d’investissements plus importants

Partager
Partager

La ferme agroécologique communautaire de Bapalel, dans le département de Kanel (nord), vit cette année sa première campagne, bien que ce site existe depuis quelques années.

Les femmes qui y travaillent espèrent tirer grand profit de la vente des produits issus de cette exploitation agricole. Mais l’absence de financement, de formation et surtout les problèmes liés à l’approvisionnement en eau plombent son développement.

La route du Dandé Mayo sud passe par plusieurs villages du département de Kanel dont les maisons et périmètres agricoles ont été touchées par ce tracé. Des indemnités devraient être versées aux propriétaires impactés.

La ferme agroécologique communautaire, mise en place par les femmes de Bapalel, un village situé à 46 kilomètres de Matam, dans la commune de Ndendory, fait partie de ce lot.

Pour y aller, il faut traverser presque la moitié du Dandé Mayo sud, sur une route sablonneuse et latéritique par endroits.

À la sortie de Belli Dialo, la route principale disparaît, obligeant le conducteur à passer à droite ou à gauche de la route, dont les travaux sont à l’arrêt.

Durant le trajet, le voyageur peut apercevoir des pirogues voguant sur le fleuve, qui reste visible depuis certains points du parcours.

De l’autre côté de la rive, l’animation du paysage voit défiler des montagnes  et des troupeaux de bêtes s’abreuvant sur la berge.

Et c’est seulement à Thiempeng que le conducteur reprend la route principale, au cœur de villages tels que Ngano, Bow, Horndoldé, Thialy et même Bapalel.

Le tracé de la route a touché quelques hectares de la ferme en question. Les femmes comptent sur le montant de l‘indemnisation, de 46 millions de francs CFA mais encore non versé, pour développer ce champ de plus de quatre hectares situé à la sortie du village, à moins d’un kilomètre de Gouriki Samba Diom.

Lors du passage du reporter de l’APS, elles étaient quatre sur le terrain dont la présidente, en compagnie du facilitateur Habibou Magatte Niang et de l’animateur Adama Niang.

Sur le site, des plants sont bien délimités. Le grillage presque complet. Un mini forage fonctionnant avec du solaire, des toilettes et un logement du gardien en construction occupent le décor.

380 plants à exploiter

Un lieu de repos fait de paille y est aussi érigé. Des femmes accompagnées de leurs enfants travaillent leurs plants.

Un dispositif d’arrosage y est installé sur toute l’étendue de la ferme.

Au total, 380 femmes se partagent autant de plants dans lesquels elles cultivent en majorité du piment, du bissap, du haricot et beaucoup d’autres produits maraîchers.

De visu, les petites surfaces sont diversement utilisées. Si certaines ont déjà désherbé, d’autres n’ont encore rien fait de l’espace qui leur est réservé, laissant les plants grandement occupés par de l’herbe. Un autre espace commun à tout le village reste encore vierge, mais une fois exploité, les recettes devront servir à financer l’entretien du mini forage.

Cependant, les femmes sont confrontées à d’énormes difficultés, notamment liées à l’eau, à la formation et au financement.

“C’est vrai que nous avons de l’eau venant du fleuve à côté, mais le système avec lequel nous travaillons n’est pas adapté à la culture maraîchère, c’est du goutte-à-goutte. Des techniciens nous ont démontré que nous devons changer le système, car celui-ci ne se fait que pour les périmètres rizicoles”, a expliqué M. Niang.

Il y a besoin d’un autre forage, qui pourra alimenter la ferme avec le système adapté à ce type de culture.

Pour cela, il propose l’installation de l’infrastructure hydraulique sur un autre espace de 1,9 hectare, une propriété des femmes du village située derrière la route, en face du fleuve sur lequel les femmes veulent planter des arbres fruitiers.

Habibou Niang pense qu’avec les financements espérés, notamment les 46 millions de francs CFA d’indemnisation, le projet pourra plus tard financer la construction d’usines pour les jeunes de ce village qui en a perdu près de 20 qui tentaient de rallier l’Europe par la mer.

“En dehors de la ferme communautaire, le village est aussi un lieu où l’on cultive de la patate, ce qui pourra nous aider à transformer ce produit en farine et autres. Cela permettra aux jeunes de rester dans le village”, ajoute le facilitateur en faisant allusion à ces unités industrielles.

Faty Kane, la présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) formé par ces productrices, est revenue sur la genèse de ce projet, soulignant que la ferme existe depuis très longtemps, “mais faute de moyens et de matériels, elle n’avait pas été valorisée”.

Elle ajoute que c’est seulement cette année que les femmes ont décidé de se consacrer à plein temps à la culture maraîchère, grâce à l’appui d’une ONG dénommée Foyré et basée en France, avec l’intermédiation d’un fils du village.

Des produits vendus jusqu’à Magama, en Mauritanie

“Nos principaux soucis concernent l’eau, le financement et surtout la formation qui nous permettra de bien comprendre comment gérer une ferme”, soutient-elle.

Comme toutes les autres femmes disposant de plants dans cette ferme, Faty Kane vend les produits de sa parcelle dans les marchés hebdomadaires de la zone.

Ces productrices se rendent aussi dans les villages environnants ou encore dans le Diéry comme à Orkadiéré ou Doundé pour écouler leur production.

Beaucoup parmi elles traversent la rive pour aller à Magama, une ville mauritanienne frontalière de la région de Matam, pour y écouler leurs produits. D’autres restent au village pour attendre les clients qui viennent du Sénégal et de la Mauritanie.

Adama Hamady Niang, l’animateur opérant au sein du projet, est aussi du même avis que les femmes travaillant dans la ferme. Il a plaidé pour le renforcement de compétences des autres membres du projet, dont le facilitateur.

Les difficultés liées à l’eau entrave le développement de la pépinière de Mariata Nguem Bâ, trésorière au sein de la structure, le système d’arrosage n’arrivant pas à couvrir  toute la ferme.

A l’origine, la ferme couvrait une superficie de 17 hectares, mais actuellement, les femmes de Bapalel ne disposent que de huit hectares environ, dont 4,5 utilisés pour ladite ferme. Elles ambitionnent de replanter des arbres fruitiers sur cet espace.

Selon Habibou Niang, la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta et de la Falémé (SAED) a pris les cinq hectares qu’elle compte exploiter.

Source : APS

Partager

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ne manquez pas

Le Jaraaf en quête d’une 17e Coupe du Sénégal, dimanche

 Le Jaraaf de Dakar va tenter, dimanche, face à Génération foot, au stade Léopold Sedar Senghor, de décrocher sa 17e Coupe du Sénégal...

Juan Branco charge le régime Diomaye-Sonko

<< Cela fait un an que la justice espagnole demande aux autorités sénégalaises de leur transmettre les informations dont elles disposent relatives à...

Related Articles

Tarif du sable : le gouvernement met fin au monopole et rétablit les prix

Le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, M. Birame Souléye...

CBAO reconnue meilleure banque sénégalaise lors des Euromoney Awards for Excellence 2025.

Cette distinction souligne les efforts de la CBAO ( Groupe Attijariwafa Bank)...

Des spécialistes invitent le secteur privé à intégrer la défense des droits de l’enfant dans la culture d’entreprise

Des spécialistes et des membres d’ONG et d’associations de protection des enfants...

Le partenariat franco-sénégalais se réinvente, selon Christine Fages

Le partenariat entre la France et le Sénégal se réinvente par l’action...