Depuis une quinzaine de jours, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a renoué avec la contestation violente, notamment par un mouvement d’humeur pour réclamer le paiement d’arriérés de bourses. La situation a vite tourné à la confrontation avec les forces de sécurité venues rétablir l’ordre à l’intérieur et aux abords du campus, transformé finalement en un véritable champ de bataille.
Les grenades lacrymogènes utilisées par les forces de sécurité pour altérer l’ardeur des manifestants ont produit l’effet inverse. En effet, de l’intifada aux abords de l’université après avoir coupé la circulation routière par des barricades, les étudiants ont investi l’intérieur du campus pour opérer une razzia dans les restaurants universitaires qu’ils ont envahi pour manger tout ce qui était disponible, sans payer le moindre sou. C’est le « nguenté toubab », comme ils l’appellent et ils ont recours à chaque fois qu’ils déclenchent une action de protestation pour dénoncer des retards de paiement de bourses. Une façon, pour eux, de démontrer que sans cette bourse, ils sont dans l’incapacité de payer les tickets d’accès aux restaurants universitaires.
La grogne est allée crescendo et le paroxysme a été atteint, hier mercredi, obligeant le Conseil de l’Université à prendre une mesure exceptionnelle, notamment en faisant fi de la franchise universitaire pour autoriser les forces de sécurité à entrer à l’intérieur du campus pour faire face à a furie dévastatrice des étudiants en colère. C’est aussi pour sécuriser le personnel face à la menace d’agressions dans pareils cas.
Cette mesure se justifie par la montée de la violence dans les affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre. Une véritable guérilla urbaine, avec un bilan qui s’établit, au soir de la journée d’hier, mercredi 3 novembre 2025, à 11 policiers blessés dont deux officiers et des véhicules calcinés. Dix (10) étudiants arrêtés.
C’est avec cette autorisation du Conseil universitaire que les forces de sécurité, avec un déploiement exceptionnel d’éléments et de moyens, tentent d’imposer l’accalmie, pendant que le gouvernement, de son côté, essaie tant bien que mal de se mettre à jour en ce qui concerne le paiement des bourses dont le retard et les arriérés ont provoqué la colère des étudiants.
Notons que, dans le sillage de l’UCAD, toutes les universités du pays sont en ébullition. Espérons que la force des neurones puissent prévaloir sur la force des biceps afin que la paix revienne dans les milieux universitaires.
S. BENGA
Laisser un commentaire