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Abdelghani Abdallah, ambassadeur du Soudan au Sénégal « Mon pays a fait l’objet d’une agression odieuse et d’un plan de colonialisme de peuplement »

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Ayant présenté ses lettres de créance au président Bassirou Diomaye Faye, le 20 février dernier, Abdelghani Elnaim Awadelkarim Abdallah, le nouvel ambassadeur du Soudan au Sénégal, présente, dans cet entretien, la situation actuelle de son pays et les enjeux du conflit qui s’y déroule.

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur la situation au Soudan après la prise par l’armée du palais présidentiel ?

La reprise du palais présidentiel dans la capitale, Khartoum, était précédée par d’autres grandes et importantes victoires de l’armée soudanaise et de ceux qui la soutiennent. Ces victoires, réalisées contre la milice terroriste dénommée Forces de soutien rapide (Fsr, Ndlr), ont aussi compris la conquête de grandes parties du centre du pays. Maintenant, Khartoum est devenue libre, comme l’a annoncé le général Abdel Fattah Al-Burhan, président du Conseil souverain de transition. La volonté, la détermination et la fermeté du président et membre du Conseil souverain, du gouvernement, de l’armée, des services de sécurité soudanais, ainsi que celles de la résistance populaire et du peuple soudanais ont triomphé et vaincu le plan diabolique d’occupation et de colonisation du Soudan, pays niché au cœur de l’Afrique.

Oui, elles ont triomphé pour les morts, les femmes violées, les enfants, les personnes âgées, les handicapés et tous ceux qui ont subi les crimes de génocide et de guerre, ainsi que les crimes contre l’humanité commis par la milice terroriste, en l’occurrence les Fsr, avec l’aide directe des gouvernements de certains pays de la région, mais également d’extrarégionaux. Ils ont aidé cette milice en armement, en équipement et en couverture diplomatique, et ce, dans le but de contrôler le Soudan pour sa position stratégique, ses ports, ses ressources pétrolières et minérales, ses eaux et ses terres agricoles. Le Soudan a fait l’objet d’une agression odieuse et d’un plan de colonialisme de peuplement avec des outils d’asservissement et d’extermination.

 Est-il possible, aujourd’hui, d’entrevoir des pourparlers de paix pour une sortie de crise au Soudan ?

Malgré les innombrables crimes commis contre le peuple soudanais, l’attaque directe contre des citoyens non armés et le génocide, voire le nettoyage ethnique, perpétré à l’encontre de la tribu masalit au Darfour, les portes du gouvernement et du peuple soudanais sont restées toujours ouvertes à la paix. Et le président Al-Burhan a indiqué la voie à suivre pour parvenir à cette paix en invitant les milices terroristes à déposer les armes, tout comme il a appelé les autres éléments affiliés à se rassembler dans des camps situés dans des endroits précis. Il a demandé à ce qu’ils soient traités conformément aux normes et règles en vigueur pour pareilles situations, où des mesures comme la démobilisation et la réhabilitation pourraient leur être appliquées.

Le général Abdel Fattah Al-Burhan a annoncé une feuille de route pour mettre fin à la phase de transition composée de certains éléments, dont former un gouvernement de compétences nationales indépendantes non affilié à aucun mouvement intellectuel ou politique pour gérer le travail du pays pendant la période de transition qui finira par des élections générales libres et transparentes.  Le gouvernement du Soudan avait très tôt exprimé son accord, en mai 2023, sur l’Accord de Djeddah qui aurait pu mettre fin à la guerre imposée par la milice. Mais hélas, cette dernière ne voulait pas appliquer cet important accord conclu sous les auspices du Royaume d’Arabie saoudite. La milice terroriste pense qu’elle est capable de détruire le Soudan qui date depuis plus de 5000 ans et est doté d’une armée professionnelle restée unie et forte depuis plus de 100 ans.

Cette milice croit donc qu’elle est capable de mettre en place un État ségrégationniste basé sur le tribalisme intégrant des citoyens d’autres pays et dirigé par une seule famille. Malheureusement, certains gouvernements de la région, notamment les Émirats arabes unis, encouragent la milice terroriste à poursuivre ses attaques contre le peuple soudanais et ses biens, notamment les hôpitaux, les universités, les ministères, les infrastructures, les usines, les exploitations agricoles, etc. Le gouvernement du Tchad aide quant à lui la milice en faisant passer des armes à l’intérieur du territoire soudanais et en autorisant l’utilisation de drones à partir de son territoire.

Se dirige-t-on vers le scénario libyen avec la création de deux gouvernements au Soudan après la signature d’une charte à Nairobi entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (Fsr) et leurs alliés, le 25 février dernier, pour l’administration de territoire sous leur contrôle ?

Comme je vous l’ai dit, il s’agit d’une tentative ratée du gouvernement kenyan et de ceux qui soutiennent la milice terroriste. Ce que le gouvernement kenyan a fait contre l’unité, la souveraineté et l’indépendance du Soudan constitue une violation flagrante de la Charte des Nations unies, de l’Union africaine et du droit international, car il s’agit d’une ingérence dans les affaires intérieures du Soudan. Imaginez que le gouvernement du Soudan fasse la même chose contre le gouvernement du Kenya et les autres pays prenant la même position ? Cela allait constituer une menace pour la paix et la sécurité régionales, pour le continent africain et pour le monde entier. Le peuple soudanais est le seul à décider de qui le gouverne. C’est ce que les gouvernements du monde ont affirmé ; ils ont, en effet, rejeté le complot kenyan. Le gouvernement du Soudan et son peuple ont donc reçu le soutien des Nations unies, de l’Union africaine, de nombreuses organisations régionales et de peuples épris de paix.

Source : Le Soleil

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