Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali |
Bamako demande à Alger
de « cesser de faire du Mali un levier de son positionnement international ».
C‘est ce que demande officiellement le Mali à l’Algérie, à travers une
déclaration publique du Ministère des Affaires étrangères du Mali qui dénonce
la « persistance des actes d’ingérence » de son voisin algérien.
Depuis près de cinq ans,
notamment avec l’arrivée des militaires au pouvoir, les relations sont tendues
entre Bamako et Alger. La question sécuritaire est au cœur du différend entre
les deux pays, le Mali accusant l’Algérie de déloyauté, notamment en apportant
un soutien aux groupes armés terroristes.
De toutes façons, nul de
doute plus des relations obscures que la Mauritanie et l’Algérie entretiennent
avec ces groupes armés et s’abstiennent, en conséquence de jouer franc avec
Bamako dans la lutte contre le terrorisme. Non seulement des chefs de groupes
terroristes reconnus comme tels peuvent séjourner librement dans l’un de ces
deux Etats, mais, en plus, ils leur servent de base arrière pour pouvoir s’y
replier et échapper aux poursuites des forces armées maliennes.
Usant de son droit de
poursuite, le Mali a eu à faire une incursion dans une zone frontière
mauritanienne pour y pourchasser des éléments de groupes armés qui opéraient au
centre du Mali en traversant la frontière malienne pour troubler la
tranquillité des localités maliennes comme Nampala (dans la région de Ségou).
Pour le cas de l’Algérie, le
soutien semble plus appuyé puisque, pendant qu’il était fortement recherché,
l’ennemi numéro 1 du Mali, notamment le chef terroriste Iyad Agaly, se trouvait
en terre algérienne et à partir de sa planque coordonnait les actions
criminelles de son organisation, notamment le JNIM.
Le ministère malien des
Affaires étrangères vient de dénoncer, le mercredi 1er janvier 2025, « la
proximité et la complicité de l’Algérie avec les groupes terroristes qui
déstabilisent le Mali et à qui elle a offert le gîte et le couvert ».
L’Algérie, ancien
médiateur pour la paix dans la partie nord du Mali confrontée à une rébellion
touarègue, a perdu la confiance du Mali depuis des années et la junte malienne
avait annoncé, le 25 janvier 2024, la « fin, avec effet immédiat »,
de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 et longtemps considéré comme
essentiel pour stabiliser le pays.
Depuis lors, le Général
Assimi Goïta et ses troupes surveillent l’Algérie en scrutant les moindres
faits, gestes et propos de ses dirigeants. C’est dans ce sillage que le
ministère malien des Affaires étrangères affirme « avoir appris par
voie de presse les propos » du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed
Attaf, « commentant à nouveau la stratégie malienne de lutte contre le
terrorisme », dans ce communiqué qui ne reproduit pas les propos
incriminés, attribués à Ahmed Attaf. Le ministère « condamne avec la
dernière vigueur cette nouvelle ingérence de l’Algérie dans les affaires
intérieures du Mali ».
Cette dénonciation, énième du
genre, produira-t-elle des effets ou sera-telle encore comme un discours oral
adressé à un sourd ? En tout cas, Bamako « rappelle que les
options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes,
soutenus par des sponsors étatiques étrangers, relèvent exclusivement de la
souveraineté du Mali » et de ses voisins burkinabè et nigérien, avec
qui le Mali a créé une confédération après avoir fait sécession de la
Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), jugée inféodée à
la France.
En des termes sans équivoque,
le Ministre des Affaires étrangères du Mali invite Alger « à cesser de
faire du Mali un levier de son positionnement international ».
Rappelons que les groupes à
dominante touareg, plusieurs fois soulevés par le passé, avaient repris les
armes d’abord en 2006 pour obtenir la signature de l’Accord de Tamanrasset,
suite à des négociations sous la médiation algérienne. Ensuite, en 2012 ce fut
la grande insurrection pour l’indépendance ou l’autonomie du Nord.
L’insurrection a ouvert la voie à des groupes islamistes radicaux qui ont
supplanté les indépendantistes et conquis l’essentiel du Nord, déclenchant une
intervention militaire de la France et plongeant le Sahel dans la
guerre.
ABN
Laisser un commentaire