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Fake News : ces manipulations qui ont déclenché des guerres

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«Jules César est l’homme de toutes les femmes, et la femme de tous les hommes. » Ces propos de Pompée, qui se sont répandus comme une traînée de poudre à l’égard de César, ont été l’ultime provocation ayant mené à une guerre fratricide entre Romains. Nous sommes en 50 avant J.-C., et une forte rivalité oppose deux grands généraux romains : Pompée et César.

Tous deux sont auréolés de gloire : Pompée dans l’Orient méditerranéen, tandis que César doit son prestige à sa campagne victorieuse dans la guerre des Gaules. Après avoir conclu l’accord du Triumvirat, ces deux hommes d’exception deviennent pourtant ennemis. Cette fausse rumeur sur les mœurs de César marque un tournant décisif. Elle s’inscrit dans une guerre de propagande où chacun use des moyens les plus vils pour triompher de l’autre. César, aussi riche que Crésus, tente de corrompre les fidèles de Pompée. De son côté, ce dernier répand des rumeurs diffamatoires sur son rival.

Touché par ces insinuations sur son orientation sexuelle, César décide de s’appuyer sur ses troupes, largement supérieures à celles de Pompée, pour prendre sa revanche. L’antagonisme entre les deux hommes est total, du Sénat au champ de bataille. Des figures historiques marquantes, comme Cicéron, soutiennent Pompée, partisan de l’ancien ordre, tandis que César est adulé par les « Populares », les partisans d’une tendance politique populiste. Après avoir vaincu les Gaulois, il veut entrer dans Rome et se venger du Sénat et de Pompée. Animé d’une ambition démesurée, il est prêt à tout. « S’il faut violer le droit, c’est pour régner ; dans les autres cas, respectons la justice », répète-t-il inlassablement, comme possédé. En effet, un obstacle de taille se dresse sur son chemin : le Rubicon.

Ce petit fleuve revêt une importance sacrée pour les Romains, car il marque la limite qu’aucun général ne peut franchir à la tête de ses troupes sans une autorisation expresse du Sénat. Toute transgression de cette règle fait du contrevenant un « rebelle à la patrie » et un « ennemi de Rome », un crime suprême dans la loi romaine. De telles violations ont toujours mené à des guerres civiles, d’où l’origine de l’expression : franchir le Rubicon. Assoiffé de vengeance, César finit par traverser le Rubicon sans l’aval du Sénat, acquis à la cause de Pompée. En deux mois, il triomphe de ses ennemis, notamment après la bataille de Pharsale (1.200 pertes en vies humaines du côté de César, alors que Pompée enregistrait 6.000 morts et 24.000 prisonniers) et prend le pouvoir absolu sur Rome. Cet épisode marque un tournant majeur dans l’histoire de la République romaine, avec l’avènement du pouvoir absolu de Jules César, jusqu’à son assassinat le 15 mars 44 avant J.-C. (les Ides de Mars). Cet épisode de la Rome antique n’est pas la première grande Fake News, mais ses conséquences sur la prise du pouvoir ont marqué l’histoire.

Des siècles plus tard, un autre mensonge allait provoquer une guerre : celui de Colin Powell. Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis lancent une croisade contre le terrorisme. En février 2003, Colin Powell, alors secrétaire d’État américain, affirme devant l’Onu que l’Irak détient des armes de destruction massive. S’appuyant sur de faux renseignements, il justifie ainsi le début d’une décennie de guerre. Devant le Conseil de Sécurité, il énumère une série de menaces, évoquant notamment la présence supposée d’armes de destruction massive et d’armes bactériologiques en Irak. Pour étayer ses accusations, Powell présente des photos satellites, mentionne des prototypes de laboratoires mobiles dédiés à la recherche biologique, des bunkers et des usines d’armes chimiques avec de l’anthrax.

Il diffuse même l’enregistrement d’une conversation entre des officiers irakiens discutant d’« agents neurotoxiques ». Cependant, durant la guerre en Irak qui fera entre 150.000 et un million de morts, l’Onu mène des investigations et ne trouve aucune trace des armes de destruction massive dénoncées. Au contraire, les enquêtes sur place prouvent que l’Irak avait abandonné son programme nucléaire depuis longtemps. En 2015, un rapport des services de renseignement américains, utilisé par l’administration Bush pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003, est rendu public. Il révèle qu’aucune preuve ne confirmait l’existence d’armes de destruction massive en Irak. Depuis plus de vingt siècles, il n’y a jamais eu de hiatus dans la prolifération des Fake News. Démêler le vrai du faux est ainsi devenu l’une des missions essentielles du journalisme à l’ère de la désinformation, afin d’éviter des dérives aussi extrêmes. 

Source : Le Soleil

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