La direction de la promotion du développement territorial (Dpdt) a pour mission de définir les orientations et de veiller à la mise en œuvre des politiques de développement territorial. Elle assure également l’appui et l’accompagnement technique des acteurs territoriaux et des populations à travers le développement économique et social à la base. Entretien avec son directeur, Dr Sécou Omar Diédhiou, qui pilote aussi (en collaboration avec les autres sectoriels du ministère), la Stratégie de développement et d’animation des huit pôles territoires. Avec un objectif précis : réussir la transformation et le développement de l’intérieur du pays, en passant par une maîtrise de l’information territoriale.
On ne peut pas parler de planification et de développement territorial au Sénégal, sans avoir une pensée pour l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia. Savez-vous pourquoi ?
Oui, je crois savoir. Et c’est l’occasion, pour moi, de rendre un vibrant hommage à ce grand serviteur de l’État.
Le président Mamadou Dia est l’inspirateur de la planification du développement territorial dans notre pays. Il est donc à l’origine de la création, en 1954, des Centres d’expansion rurale (Cer). Ces entités devaient créer les fondamentaux de l’économie sénégalaise post-indépendance.
La primauté du monde rural, durant cette période, est également à l’origine de la création, plus tard, des Centres d’expansion rurale polyvalents (Cerp), qui ont connu différentes mutations institutionnelles. Et ils ont fini par être rattachés, depuis 2018, à la direction de la promotion du développement territorial (Dpdt). Ils sont, aujourd’hui, plus connus sous le nom de Centres de promotion du développement territorial (cependant). Voilà pourquoi vous avez raison, qu’on ne peut pas parler de développement territorial sans faire référence au président Mamadou Dia.
Vous l’avez dit, des Cer, on est passé aux Cerp, Cpdt, rattachés à la Dpdt. Avec toujours la même vision ?
Les mêmes objectifs ? On peut dire, de manière certaine, que le président Dia avait une vision très claire du développement. Une vision qu’il partage d’ailleurs avec les tenants du régime actuel : le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko.
La Dpdt que je dirige a pour mission de définir les orientations, et de veiller à la mise en œuvre des politiques de développement territorial. Elle assure également l’appui et l’accompagnement technique des acteurs territoriaux et des populations dans tous les domaines touchant au développement économique et social à la base. Ainsi, la vision de transformation systémique « Sénégal 2050 » du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye et de son gouvernement, par la stratégie de développement endogène, pour un Sénégal souverain, juste et prospère, est notre cœur de métier. Parallèlement, la Dpdt pilote la Stratégie de développement et d’animation des huit pôles territoires. Bien évidemment, la mise en place des unités de valorisation industrielle des déchets dans ces pôles, l’analyse de l’impact économique et social des programmes comme celui sur le logement, et des pôles industriels ruraux du Btp… Tout cela prouve une réelle volonté d’améliorer les politiques qui sont jusqu’ici menées. La volonté politique est réelle, mais il y a un problème : la rareté des ressources.
Que faites-vous pour juguler le phénomène et favoriser des territoires viables ?
Effectivement, il y a des pressions sur les ressources et des défis croissants en matière de gouvernance. Et la Dpdt adapte ses stratégies pour garantir un développement territorial durable.
C’est ainsi que notre service met en place plusieurs actions spécifiques, pour favoriser des territoires viables. Entre autres, l’aide apportée aux collectivités territoriales pour prioriser les projets en fonction de l’impact local et de la faisabilité, en optimisant l’utilisation des ressources financières et humaines disponibles, la diversification des sources de financement, l’accompagnement technique et méthodologique et la valorisation des ressources locales, par la promotion de secteurs locaux, à fort potentiel comme l’agriculture, le tourisme ou l’artisanat, afin de stimuler l’économie et de générer de revenus pour les collectivités. Ces actions permettent à la Dpdt de promouvoir un développement territorial durable, même dans un contexte de ressources limitées. Si l’on vous suit, l’idée est de valoriser les ressources locales pour le développement économique, social et environnemental de nos territoires.
Quels leviers pour y arriver ?
Le nouveau référentiel de politique économique et sociale, « Sénégal horizon 2050 » a été très clair, en mettant en avant le potentiel de chaque territoire, et visant à construire un Sénégal souverain, juste et prospère.
L’Axe 3 de ce référentiel, consacré à l’aménagement et au développement durable des territoires, fait justement appel à la transversalité de la Dpdt. En tant que direction technique nationale, la Dpdt joue un rôle essentiel dans la planification et le développement économique, social et environnemental de nos territoires et dans la valorisation des ressources territoriales. Pour concrétiser cette vision, une attention particulière sera accordée à la maîtrise de l’information territoriale, afin de garantir une planification équilibrée. Nous allons aussi miser sur des prises de décision justes, plus de justice sociale et spatiale, et une équité territoriale pour réduire les inégalités entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest.
Il nous faudra des énergies positives, pour réussir la transformation systémique et le développement de nos territoires. Avec mon équipe, nous travaillons avec détermination pour contribuer à l’amélioration de la politique sectorielle des pôles territoires. À cet effet, notre objectif est double : d’une part, accompagner la définition des orientations et veiller à la mise en œuvre des politiques de développement des territoires, et assurer l’appui technique. D’autre part, outiller et soutenir les acteurs territoriaux, et les populations, dans tous les domaines du développement économique et social.
De manière concrète, quels axes allez-vous privilégier pour changer le visage de nos terroirs ?
Nous avons des projets portés par des actions collaboratives et solidaires, structurées autour de quatre axes prioritaires. Premier axe : promouvoir l’attractivité, la compétitivité et le développement économique durable des territoires. Deuxième axe : assurer la transition écologique et numérique, impératif pour les territoires.
La direction est en train de mobiliser tous les leviers publics existants, en collaboration avec les autres directions ministérielles pour soutenir les initiatives des citoyens, des entreprises et des collectivités territoriales, dans ce domaine.
Troisième axe : mettre en place un programme ambitieux de soutien à la ruralité. Le Sénégal, avec sa forte composante rurale, doit voir se renforcer l’agriculture, la pêche et l’élevage, leviers essentiels pour le développement territorial. Quatrième et dernier axe : réorganiser le Projet Dpdt/Fao intitulé « appui à la résilience des systèmes alimentaires », en élaborant des Plans alimentaires territorialisés dans chaque pôle économique, afin de garantir une alimentation saine, locale et durable pour tous.
Ces axes soutiennent notre feuille de route. Je suis convaincu que l’action concertée et coordonnée est la clé de notre succès. Je m’engage à être présent sur le terrain pour comprendre la réalité de chaque territoire. L’accès aux services publics de base pose aussi problème.
Que comptez-vous faire pour favoriser plus d’équité territoriale ?
Dans le cadre de ses missions, et avec l’appui de nos structures déconcentrées, la Dpdt joue un rôle clé pour garantir un accès amélioré aux services publics de base, en particulier dans les territoires les plus isolés ou vulnérables.
Nous accompagnons les collectivités territoriales dans la définition et la mise en œuvre de stratégies locales de développement, prenant en compte l’accès aux services publics de base (santé, éducation, eau, transport, etc.). Il s’agit de permettre une planification adaptée aux réalités locales, tout en mettant en avant l’importance d’une gestion optimisée des ressources, pour ces services essentiels. Nous soutenons aussi la construction d’infrastructures d’assainissement, de réseaux d’eau potable et de centres de santé.
Ce soutien est crucial dans des zones où les moyens sont limités, afin de garantir la durabilité et la qualité des infrastructures. En résumé, la Dpdt agit en faveur de l’amélioration de l’accès aux services publics de base en soutenant la planification locale, renforçant la gouvernance, accompagnant les projets d’infrastructure, et en développant les compétences locales. Ces interventions, en adéquation avec ses missions, contribuent à un développement territorial inclusif et durable. La formation est un autre défi à relever pour les collectivités territoriales.
Avez-vous des projets dans ce sens pour les aider à renforcer leurs capacités de gestion ?
La Dpdt soutient les collectivités territoriales à travers une série de formations pratiques, destinées à renforcer leur capacité de gestion de projet et à favoriser le développement local.
Ces formations couvrent divers domaines essentiels pour la gestion efficace des projets territoriaux, tels que celle administrative et financière, l’entrepreneuriat féminin et la jeunesse, les techniques de participation citoyenne et la transformation des produits locaux (céréales, fruits, légumes).
Par ces formations régulières, nous aidons les exécutifs locaux à acquérir des compétences nécessaires pour gérer efficacement les services de base et coordonner les projets de développement.
Source : Le Soleil
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